Reconnait-elle, ne reconnait-elle pas ? Ce sont les questions que beaucoup se posent encore après la visite à Sétif de l'ex-ambassadeur de France à Alger, Mr Hubert Colin de Verdière le 27 février 2005. En hommage aux victimes des événements du 8 mai 1945 et au mémorial Saal Bouzid, l'ambassadeur de France a qualifié à cette occasion que les massacres perpétrés (sic) de tragédie inexcusable. « Cette tragédie a particulièrement endeuillé votre région Je veux parler des massacres du 8 mai 1945, il y aura bientôt 60 ans : une tragédie inexcusable. Fallait-il, hélas, qu'il y ait sur cette terre un abîme d'incompréhensions entre les communautés, pour que se produise cet enchaînement d'un climat de peur, de manifestations de répression, d'assassinats et de massacres ? » enchaîna l'ambassadeur. Ce sont des déclarations inédites et c'est la première fois qu'un représentant officiel de la France évoque la vérité sur cette sombre page d'histoire coloniale. De nombreuses visites de personnalités françaises se sont succédées en Algérie. Au cours de sa viste officielle en Algérie le 5 décembre 2007, le président français, Nicolas Sarkozy avait déclaré auprès des étudiants de l'université Mentouri de Constantine : « les fautes et les crimes du passé sont impardonnables. » Néanmoins, la dernière de l'ambassadeur de France Mr Xavier Driencourt à Sétif en date du 24 avril 2009 est orientée vers la coopération économique et culturelle. C'est loin de ce qui est attendue après les déclarations et la timide reconnaissance faite par l'ex-ambassadeur de France en 2005 et celle du président Sarkozy en 2007. Si le 8 mai 1945 est un jour mémorable qui correspond à la victoire des Alliés sur le Nazisme durant la seconde guerre mondiale, ce même jour est qualifié de deuil chez nous. En réaction à des manifestations nationalistes du 8 mai 1945, la France coloniale a réprimé dans le sang en massacrant plus de 45000 Algériens entre Sétif, Guelma et Kherrata selon les historiens. Le consul général américain à Alger de l'époque parlera de 40 000 morts alors que l'association des Oulémas avance le chiffre à 80 000 morts. Cependant les autorités françaises ne reconnaissent que le chiffre à 1500 morts. Ces événements inoubliables doivent faire l'objet d'une reconnaissance et d'une responsabilité officielle par ce pays "des droits de l'Homme" pour ses faits coloniaux en Algérie. Si la France exige aujourd'hui à la Turquie de reconnaitre le génocide des Arméniens de 1915 comme condition à son adhésion à l'Union Européenne, pourquoi ne reconnait-elle pas ses crimes du 8 mai 1945 en Algérie, voire aussi les massacres des Malgaches en 1947 ? Soixante cinq ans sont passés, n'est–il pas temps que la France reconnaisse ses crimes à Sétif, Kherrata et Guelma ? La parole est à vous !