Une hausse de 10 % de la taxe sur le tabac permettrait de réduire de 13 % le nombre de personnes dépendantes, a affirmé samedi à Sétif le Pr. Salim Nafti, chef de service pneumologie au Centre hospitalo-universitaire (CHU) Mustapha Pacha d'Alger. Le Pr. Nafti a souligné, au cours d'une journée d'étude organisée au centre de formation paramédicale à l'occasion de la Journée mondiale sans tabac célébrée le 31 mai de chaque année, qu'il s'agit-là d'un moyen pour réduire la "propagation de ce poison" et préserver la santé des générations d'aujourd'hui et de demain. Même si la prévention par la sensibilisation aux périls du tabagisme constitue un "élément fondamental" pour venir à bout de ce fléau, ou tout du moins en réduire les effets, il reste que la mise en œuvre d'une "stratégie répressive" associant les secteurs de la santé, de l'éducation nationale et les services de sécurité est aujourd'hui devenue "nécessaire". Une stratégie, a-t-il précisé, fondée notamment sur une loi stricte "à faire appliquer" qui interdirait de fumer dans tous les lieux publics. De son côté, M. Youcef Terfani, directeur central au ministère de la Santé, de la population et de la réforme hospitalière (MSPRH), a indiqué que dans de nombreux pays, l'augmentation jusqu'à 50 % de la taxe sur les paquets de cigarettes a permis de réduire notablement le nombre de fumeurs. Selon ce responsable, des études ont permis d'établir que l'addiction au tabac touche, en Algérie, 15 % de la population âgée de 15 à 75 ans et 9,2% de la tranche d'âge 15-19 ans, "ce qui place notre pays parmi les consommateurs moyens". Une situation qui doit conduire, a-t-il ajouté, à une "nouvelle impulsion" à la lutte contre le tabagisme et à la mise en oeuvre d'une "feuille de route" dans l'optique de ramener le taux des personnes dépendantes à "moins de 10%". L'atteinte de cet objectif requiert, en premier lieu, la multiplication, dans tout le pays, des campagnes de sensibilisation, des portes ouvertes, des tables rondes, mais aussi des efforts destinés à faire appliquer la loi interdisant de fumer dans tous les lieux publics comme les administrations, les hôpitaux, les marchés et autres, a indiqué le même responsable. Au cours de cette journée d'étude, organisée par le MSPRH en collaboration avec la commission nationale de lutte contre le tabagisme, M. Bah Keïta, représentant de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en Algérie, a considéré, à l'ouverture de la rencontre, que tous les pays doivent imposer des taxes sur le tabac allant jusqu'à 50 % d'augmentation pour contribuer à débarrasser la société de ce fléau. Cette mesure, a-t-il ajouté, "permettrait dans les trois années à venir de ramener à 50 millions le nombre de fumeurs dans le monde (aujourd'hui estimé à un milliard de personnes, ndlr), et de sauver 11 millions de personnes de la mort ou de maladies létales liées à la consommation de tabac. Plusieurs communications relatives aux dangers avérés du tabac, aussi bien pour ceux qui fument que pour leur entourage, ont été données lors de cette rencontre qui a réuni, notamment, des praticiens, des psychologues affectés aux cellules de proximité pour l'écoute et des membres d'associations venus des wilayas d'Annaba, Khenchela, Bejaïa, Jijel et Batna.