La rencontre de Doha aura servi, au moins, ? ouvrir les yeux aux pays ? revenus dits interm?diaires. Des pays qui ne sont pas suffisamment ?m?rs? pour tutoyer le G20, mais auxquels on fait appel pour sauver un syst?me financier qui ne les sert pas. Apr?s l??chec du cycle de Doha, parce que les pays industrialis?s ont perdu l?initiative dans un jeu r?gi par des r?gles ?tablies pour asseoir leur domination, la r?union qui s?ach?ve aujourd?hui est un autre ?chec, parce que ces m?mes pays ne d?sirent pas voir leurs parts de vote ?bouff?es? par un G24 qui n?est pas de taille ? tenir t?te par ses performances ?conomiques mais qui dispose de suffisamment de milliards pour compenser cette tare. Les le?ons de la Chine et de l?Inde ont ?t? retenues et le G8 n?est pas pr?s de se faire dicter sa conduite, via le FMI ou la BM, par des pays comme l?Alg?rie ou le Qatar, par exemple. Le veto am?ricain ? la proposition faite ? Doha -inscrire ces rencontres dans un cadre onusien- t?moigne de l??go?sme d?un Occident qui n?a jamais, r?ellement, souhait? que de nouveaux membres entrent dans le club des pays riches, industrialis?s, ou ?mergents; peu importe l?appellation qu?on donnera ? des pays qui n?auront plus besoin d??tre aid?s et auxquels il faut faire comprendre qu?une aisance financi?re ?conjoncturelle ou durable- n?ouvre pas droit aux m?mes titres et privil?ges. La Chine, qui vient de d?passer l?Allemagne, devenant ainsi le 3?me exportateur mondial et qui est pressentie pour devenir la plus grande puissance ?conomique de la plan?te, est tax?e de pays ?mergent alors qu?elle n?a plus rien ? prouver: puissance nucl?aire, spatiale, militaire, ?conomique, financi?re, culturelle et, r?cemment encore, sportive. Jaloux de ses titres, l?Occident ne veut pas admettre que la Chine soit un pays plus industrialis? que la France, la Grande-Bretagne, l?Italie ou le Canada r?unis et qu?elle le prouve, en ces temps de menace de r?cession et de crise, en annon?ant un taux de croissance ? deux chiffres. La Chine ne doit pas faire ?cole et son id?ologie communiste est plus dangereuse pour les int?r?ts du club que sa sant? financi?re. C?est, sans doute, dans cette direction qu?il faut rechercher la cause du rejet des propositions faites par Bouteflika qui reste, en d?pit d?un savoir-faire et d?un esprit de tol?rance, le pr?sident d?un pays arabe et musulman. Par leurs absences remarqu?es, le FMI et la BM -qui auraient d? ?tre en premi?res lignes- ont fait passer le message: seul l?int?r?t de l?Occident compte. A-t-on jamais vu, d?ailleurs, un pays africain, sud-am?ricain ou asiatique pr?sider l?un de ces deux ?outils? au service exclusif des ?conomies du Nord? En faisant des propositions, Bouteflika connaissait la r?ponse des pays riches qui promettent, sans jamais la verser, une aide ? une Afrique plus que jamais tributaire de l??tranger. Si on parle arabe ? l?ONU, c?est parce qu?un certain ministre des AE alg?rien avait pr?n? un nouvel ordre mondial. Il ne faut surtout pas, pr?sident, le laisser refaire le coup de 1974. L?Alg?rie est un ?bon? pays, certes, mais il faut savoir ?garder? les distances.