CLXXXXIXe nuit (Suite) Hagi Hassan n?avait pas achev? ces paroles, que Noureddin s??tait saisi de la belle Persane; il la tira ? lui, en lui donnant un soufflet. ?Venez ?a, impertinente, lui dit-il assez haut pour ?tre entendu de tout le monde, et revenez chez moi. Votre m?chante humeur m?avait bien oblig? de faire serment de vous amener au march?, mais non pas de vous vendre. J?ai encore besoin de vous, et je serai ? temps d?en venir ? cette extr?mit? quand il ne me restera plus autre chose?. Le vizir Saouy fut dans une grande col?re de cette action de Noureddin. ?Mis?rable d?bauch?! s??cria-t-il, veux-tu me faire accroire qu?il te reste autre chose ? vendre que ton esclave?? Il poussa son cheval en m?me temps droit ? lui, pour lui enlever la belle Persane. Noureddin, piqu? au vif de l?affront que le vizir lui faisait, ne fit que l?cher la belle Persane et lui dire de l?attendre; et, en se jetant sur la bride du cheval, il le fit reculer trois ou quatre pas en arri?re: ?M?chant barbon, dit-il alors au vizir, je te ravirais l??me sur l?heure, si je n??tais retenu par la consid?ration de tout ce monde que voil??. Comme le vizir Saouy n??tait aim? de personne et qu?au contraire il ?tait ha? de tout le monde, il n?y en avait pas un, de tous ceux qui ?taient pr?sents, qui n?e?t ?t? ravi que Noureddin l?e?t un peu mortifi?. Ils lui t?moign?rent par signes et lui firent comprendre qu?il pouvait se venger comme il lui plairait, et que personne ne se m?lerait de leur querelle. Saouy voulut faire un effort pour obliger Noureddin de l?cher la bride de son cheval; mais Noureddin, qui ?tait un jeune homme fort et puissant, enhardi par la bienveillance des assistants, le tira ? bas du cheval au milieu du ruisseau, lui donna mille coups et lui mit la t?te en sang contre le pav?. Dix esclaves, qui accompagnaient Saouy, voulurent tirer le sabre et se jeter sur Noureddin; mais les marchands se mirent au devant et les en emp?ch?rent. ?Que pr?tendez-vous faire? leur dirent-ils. Ne voyez-vous pas que si l?un est vizir, l?autre est fils de vizir. Laissez-les vider leur diff?rend entre eux. Peut-?tre se raccommoderont-ils un de ces jours; et, si vous aviez tu? Noureddin, croyez-vous que votre ma?tre, tout-puissant qu?il est, put vous garantir de la justice?? Noureddin se lassa enfin de battre le vizir Saouy; il le laissa au milieu du ruisseau, reprit la belle Persane et retourna chez lui, au milieu des acclamations du peuple qui le louait de l?action qu?il venait de faire.