CC?me nuit (suite) Noureddin leva aussit?t la t?te et d?s qu?il eut vu un vieillard ? la longue barbe blanche ? ses pieds, il se leva sur son s?ant, se coulant sur les genoux; et, en lui prenant la main, qu?il baisa: ?Bon p?re, lui dit-il, que Dieu vous conserve! Souhaitez-vous quelque chose? -Mon fils, reprit Scheich Ibrahim, qui ?tes-vous? D?o? ?tes-vous? Nous sommes des ?trangers qui ne font que d?arriver, repartit Noureddin, et nous voulions passer ici la nuit jusqu?? demain. -Vous seriez mal ici, r?pliqua Scheich Ibrahim; venez, entrez, je vous donnerai ? coucher plus commod?ment; et la vue du jardin, qui est tr?s beau, vous r?jouira pendant qu?il fait encore un peu de jour. -Et ce jardin est-il ? vous? lui demanda Noureddin. -Vraiment oui, c?est ? moi, reprit Scheich Ibrahim en souriant: c?est un h?ritage que j?ai eu de mon p?re. Entrez, vous dis-je, vous ne serez pas f?ch? de le voir. Noureddin se leva, en t?moignant ? Scheich Ibrahim combien il lui ?tait oblig? de son honn?tet?, et entra dans le jardin avec la belle Persane. Scheich Ibrahim ferma la porte et, en marchant devant eux, les mena dans un endroit d?o? ils virent ? peu pr?s la disposition, la grandeur et la beaut? du jardin d?un coup d??il. Noureddin avait vu d?assez beaux jardins ? Balsora; mais il n?en avait pas encore vu de comparables ? celui-ci. Quand il eut bien tout consid?r? et qu?il se fut promen? dans quelques all?es, il se tourna du c?t? du concierge qui l?accompagnait et lui demanda comment il s?appelait. D?s qu?il lui eut r?pondu qu?il s?appelait Scheich Ibrahim: ?Scheich Ibrahim, lui dit-il, il faut avouer que voici un jardin merveilleux; Dieu vous y conserve longtemps! Nous ne pouvons assez vous remercier de la gr?ce que vous nous avez faite de nous faire voir un lieu si digne d??tre vu; il est juste que nous vous en t?moignions notre reconnaissance par quelque endroit. Tenez, voil? deux pi?ces d?or: je vous prie de nous faire chercher quelque chose pour manger, afin que nous nous r?jouissions ensemble?. A la vue des deux pi?ces d?or, Scheich Ibrahim, qui aimait fort ce m?tal, sourit en sa barbe; il les prit; et, en laissant Noureddin et la belle Persane pour aller faire la commission, car il ?tait seul: ?Voil? de bonnes gens, dit-il en lui-m?me avec bien de la joie; je me serais fait un grand tort ? moi-m?me si j?eusse eu l?imprudence de les maltraiter et de les chasser. Je les r?galerai en prince, avec la dixi?me partie de cet argent, et le reste me demeurera pour ma peine?. Pendant que Scheich Ibrahim alla acheter de quoi souper, autant pour lui que pour ses h?tes, Noureddin et la belle Persane se promen?rent dans le jardin et arriv?rent au pavillon des peintures, qui ?tait au milieu. Ils s?arr?t?rent d?abord ? contempler sa structure admirable, sa grandeur et sa hauteur; et, apr?s qu?ils en eurent fait le tour en le regardant de tous les c?t?s, ils mont?rent ? la porte du salon par un grand escalier de marbre blanc; mais ils la trouv?rent ferm?e.