CC?me nuit (suite) Noureddin et la belle Persane ne faisaient que de descendre de l?escalier lorsque Scheich Ibrahim arriva charg? de vivres. ?Scheich Ibrahim, lui dit Noureddin avec ?tonnement, ne nous avez-vous pas dit que ce jardin vous appartient? -Je l?ai dit, reprit Scheich Ibrahim, et je le dis encore. Pourquoi me faites-vous cette demande? Et ce superbe pavillon, repartit Noureddin, est ? vous aussi?? Scheich Ibrahim ne s?attendait pas ? cette autre demande, et il en parut un peu interdit. ?Si je dis qu?il n?est pas ? moi, dit-il en lui-m?me, ils me demanderont aussit?t comment il se peut faire que je sois ma?tre du jardin et que je ne le sois point du pavillon?. Comme il avait bien voulu feindre que le jardin ?tait ? lui, il feignit la m?me chose ? l??gard du pavillon. ?Mon fils, repartit-il, le pavillon ne va pas sans le jardin: l?un et l?autre m?appartiennent. Puisque cela est, reprit alors Noureddin, et que vous voulez bien que nous soyons vos h?tes cette nuit, faites-nous, je vous en supplie, la gr?ce de nous en faire voir le dedans: ? juger du dehors, il doit ?tre d?une magnificence extraordinaire?. Il n?e?t pas ?t? honn?te ? Scheich Ibrahim de refuser ? Noureddin la demande qu?il faisait, apr?s les avances qu?il avait d?j? faites. Il consid?ra de plus que le calife n?avait pas envoy? l?avertir comme il avait coutume; et ainsi qu?il ne viendrait pas ce soir-l?, et qu?il pouvait m?me y faire manger ses h?tes et manger lui-m?me avec eux. Il posa les vivres qu?il avait apport?s sur le premier degr? de l?escalier et alla chercher la clef dans le logement o? il demeurait. Il revint avec de la lumi?re et il ouvrit la porte. Noureddin et la belle Persane entr?rent dans le salon, et ils le trouv?rent si surprenant qu?ils ne pouvaient se lasser d?en admirer la beaut? et la richesse. En effet, sans parler des peintures, les sofas ?taient magnifiques; et, avec les lustres qui pendaient ? chaque fen?tre, il y avait encore, entre chaque crois?e, un bras d?argent, chacun avec sa bougie; et Noureddin ne put voir tous ces objets sans se ressouvenir de la splendeur dans laquelle il avait v?cu et sans en soupirer. Scheich Ibrahim cependant apporta les vivres, pr?para la table sur un sofa; et, quand tout fut pr?t, Noureddin, la belle Persane et lui s?assirent et mang?rent ensemble. Quand ils eurent achev? et qu?ils eurent lav? les mains, Noureddin ouvrit une fen?tre et appela la belle Persane. ?Approchez, lui dit-il, et admirez avec moi la belle vue et la beaut? du jardin, au clair de la lune qu?il fait; rien n?est plus charmant?. Elle s?approcha, et ils jouirent ensemble de ce spectacle, pendant que Scheich Ibrahim ?tait la table.