Le président du MSP, Aboudjerra Soltani a trouvé la bonne astuce pour faire revenir les brebis égarées. Il vient de créer une commission appelée Solh et chargée de convaincre «individuellement» les éléments encore récalcitrants. Cette structure a déjà commencé son travail de réconciliation en allant à la rencontre de ses militants, selon Soltani, approché hier après son discours d'ouverture de la session ordinaire du Madjless echoura, organisé à Boumerdès. «Les militants, sortis des rangs du parti, ont été induits en erreur. Ils n'avaient avancé aucun argument justifiant leur décision. Certains sont même ici présents. D'autres vont le faire incessamment. On n'a pas encore les chiffres exacts mais selon le rapport d'évaluation qui sera présenté aujourd'hui (ndlr, hier) aux membres du Madjless echoura, leur nombre ne cesse d'augmenter. Le chiffre de 60% avancé par l'aile dissidente est faux et erroné. Aujourd'hui, leur nombre est descendu à moins de 3%», estime le président du MSP qui ajoute que le travail de cette commission s'achèvera le jour où elle fera le tour de tous les militants. «Je ne veux pas entrer dans une guerre de chiffres. Il y aura ceux qui seront rayés et ceux qui seront récupérés. Je n'ai aucune prérogative pour influencer le travail de la commission. Ses membres décideront en toute souveraineté de qui sera repêché ou rejeté. Ils (les dissidents) devront tous présenter un recours à cette commission», dit-il. Pour l'instant, 17 députés sur les 52 que compte le MSP ont rejoint le MPC de Abdelmadjid Menasra. Quarante responsables et militants ont été définitivement radiés des rangs du parti de Soltani. Sur un autre plan, le leader de la formation islamiste a révélé qu'il allait discuter avec ses pairs de l'Alliance présidentielle, le FLN et le RND, lors de la prochaine rencontre prévue en principe à la fin du mois de septembre, de l'augmentation du SNMG et de la dernière décision gouvernementale de supprimer les crédits à la consommation. «La suppression du crédit à la consommation pénalise le citoyen, aussi vais-je proposer au Premier ministre de lancer un crédit à taux zéro intérêt, en direction de cette catégorie de bas revenus. Les banques publiques ne doivent pas amasser uniquement de l'argent. Je ne vois donc pas pourquoi on accorde cet avantage aux parlementaires et on le refuse aux milliers de citoyens. Il y aura aussi le SNMG, puisque au MSP on n'est pas contre l'idée de le relever à 20.000 DA.» Déjà lors de son discours d'ouverture, le président du MSP avait critiqué aisément les dernières décisions gouvernementales: «Si la loi de Finances complémentaires a ajouté 68 milliards de DA pour couvrir les besoins les plus urgents, il n'en demeure pas moins que la corruption, le passe-droit, la gabegie, le gaspillage et le fait du prince ont gagné du terrain. Le citoyen ne comprend pas comment untel a volé des milliers de dinars et qu'en fin de compte, il passe 5 ou 10 ans en prison, sans que l'Etat ne confisque ce qu'il a volé. C'est incompréhensible!» Il dénoncera également dans la foulée un «clan», sans le nommer directement, qui se joue des lois de la République en «utilisant les failles du système» pour s'enrichir davantage. Selon lui, le gouvernement est incapable de juguler ce phénomène: «On assiste au jeu du chat et de la souris. L'Etat pond des décisions et ces gens arrivent à trouver les failles pour pénétrer dans les rouages.» Au plan politique, le leader du MSP qui a de nouveau appelé à une «révision globale de la Constitution», a averti les hautes autorités politiques sur les conséquences des décisions «temporaires et partielles» prises par l'Etat comme l'instauration de l'Etat d'urgence qui dure depuis 17 ans, de l'utilisation de la langue française dans les administrations publiques, malgré la loi sur l'arabisation et la fin du terrorisme qui perdure, selon Aboudjerra Soltani. Le Madjless echoura devra poursuivre ses travaux aujourd'hui pour la deuxième journée. Notons enfin que le MSP organisera demain son université d'été à Boumerdès.