Entre le Gouvernement et la Centrale syndicale de Sidi Saïd, assise entre deux chaises, «le climat des affaires» est loin d'être au beau fixe. Et la dernière annonce du ministre des Finances, à propos des crédits à la consommation, est de nature à assombrir le ciel. En effet, Karim Djoudi, qui intervenait hier sur les ondes de la radio, excluait tout retour au crédit à la consommation. En tous cas pas dans l'immédiat, confirmant ainsi le fait que le Gouvernement n'a pas changé d'attitude. «Il n'est pas question de le rétablir, les conditions qui nous ont poussés à le suspendre sont sensiblement les mêmes», expliquait Karim Djoudi qui reprenait ainsi à son compte le propos du Premier ministre qui disait à peu près la même chose aux journalistes, à l'occasion de l'ouverture de la session parlementaire d'automne de l'APN. Pour Karim Djoudi, le crédit à la consommation sert surtout les intérêts des banques et des importateurs de véhicules, au détriment de l'économie nationale. Soit 100 milliards de dinars pour l'année 2008. Ce qui a pour effet, ajoute-t-il, de provoquer un surendettement des ménages, avec les conséquences que l'on sait sur les banques. En insistant sur ces conséquences, le primer argentier du pays entend surtout torpiller l'argumentaire de l'UGTA qui est en train d'œuvrer pour le rétablissement des crédits à la consommation en faveur exclusive de la production nationale. On se souvient qu'au lendemain de la décision du Gouvernement de mettre un trait sur les crédits à la consommation, l'UGTA avait mis en place un groupe de travail composé d'experts en finances, de syndicalistes et d'universitaires. Ce ‘think thank' devait, au terme de sa consultation, faire des propositions au gouvernement. «Nous allons faire des propositions au Gouvernement pour rétablir les crédits à la consommation destinés exclusivement à l'achat de produits made in Algeria» assurait Abdelmadjid Sidi Saïd pour qui ce genre de crédit a pour vocation de booster la consommation de produits locaux et par conséquent relancer la machine économique et préserver l'emploi, selon le cercle vertueux cher aux économistes. Si le ministre des Finances partage dans le fond cette philosophie fondée sur le fameux patriotisme économique, il considère en revanche que l'état actuel de la production nationale, qui est dans une situation de marasme, ne lui permettrait pas de capter les crédits à la consommation et que leur rétablissement ne fera que booster les importations qui ont atteint, selon lui, 39,500 millions de dollars. Du côté du Gouvernement, les choses sont désormais claires. Y compris d'ailleurs pour la loi de Finances 2010 qui sera bientôt présentée en conseil des ministres pour une première lecture. Ces dispositions, avertit le ministre des Finances, découleront de la même philosophie sous-jacente à la LFC 2009, à savoir le fait qu'elle soit fondée sur «la réalité de notre économie et les risques potentiels». Pour le Gouvernement, les choses sont désormais claires. Mais, pour Sidi Saïd, elles se compliquent .En effet, la tripartite sur laquelle il a fondé les espoirs de sa rentrée sociale semble compromise, faute de consensus entre les trois partenaires. En tous les cas, pour le moment, rien n'est encore décidé et c'est le ministre du Travail qui l'a déclaré hier sur les ondes de la radio. «Pour le moment aucune date n'est arrêtée», a-t-il tranché. Manière indirecte de dire que le Gouvernement n'est pas prêt, faute de pouvoir offrir quelque chose de substantiel au monde du travail où la colère monte.