Le ministre de l'Intérieur a fini par rompre le mutisme et donner son propre éclairage de la situation qui a prévalu pendant deux jours à la cité de Diar Chems à Alger. Et pour lui rien ne peut se faire dans un climat de tension. "Nous avons les moyens de reloger les véritables habitants de Diar Echems. Seulement, l'opération de relogement doit se concrétiser dans un climat serein et organisé", souligne Zerhouni. Raison pour laquelle il a fait appel au sens de «la patience» des habitants de la cité, car l'opération de relogements prendrait, selon lui, des semaines voire des mois. Le ministre a, bien sûr, profité pour dénoncer la manipulation et mettre en garde les jeunes de la cité pour ne pas «se laisser influencer», car pour lui il y a bien eu manipulation. En témoigne les arrestations opérées par les services de police. Au total, ce sont, pas moins de quinze personnes qui sont présentées à la justice, dont quatre mineurs qui ont été relâchés. Cinq autres, a-t-il ajouté, qui sont des repris de justice, ont été mis sous mandat de dépôt, précisant que le reste a été mis en liberté provisoire. Yazid Zerhouni, qui fixait d'ailleurs sa déclaration à partir de la clinique de Glycines, réservée pour les besoins de la police, a expliqué qu'aucun "blessé n'a été signalé parmi les citoyens". Ce qui n'est pas le cas pour les forces de l'ordre qui comptent, selon lui, "beaucoup de blessés". Le ministre n'a pas manqué, à ce propos, d'enfoncer encore un coin aux associations de quartiers. Il est vrai que les émeutes de Diar Chems, pour se limiter juste à elles, montrent que ce tissu associatif n'est d'aucune utilité. Et c'est pourquoi il leur demande "plus d'efficacité et de crédibilité". Ce qui est vrai dans une large mesure en ce sens qu'elles (les associations, ndlr) ne sont là que pour revendiquer des subventions et au mieux faire de la figuration dans des cérémonies protocolaires. Pourtant leur rôle étant surtout celui d'interface entre pouvoirs publics et population. D'autre part, le ministre de l'Intérieur évoquera la situation sécuritaire. Là-dessus rien de nouveau. Elle "s'améliore de manière significative dans tous les coins du pays", précisant que cela est dû à la conscience des populations, d'une part, et à la "détermination" et le "dévouement" des services chargés de la sûreté et de la sécurité. Sauf que ce constat est quelque peu contrarié le jour même par le spectaculaire attentat qui avait ciblé huit agents de sécurité en Kabylie. "Effectivement, six Patriotes ont été tués et un autre a été blessé. Ils faisaient partie de l'équipe qui veillait sur la sécurité d'un chantier de construction d'un barrage de pompage d'eau aux habitants de la région", reconnaîtra-t-il. En fait, les émeutes de Diar Chems, comme l'attentat de Kabylie sont la preuve que le retour à la stabilité, à la faveur de la politique de réconciliation et les efforts en matière de prise en charge des préoccupation sociales, est loin d'être revenue.