Le SG du Syndicat national des magistrats (SNM), Djamel Aïdouni, a fait part récemment de la menace qui plane sur les magistrats chargés d'instruire les dossiers liés à la corruption. Le juge Bouterfa Mourad a été le premier à tomber sous les balles assassines de cette mafia politico-financière. Des documents éparpillés avaient été retrouvés tout près de son corps complètement mutilé, près de sa voiture. La victime avait pour mission de traiter des dossiers ayant trait à la corruption et à la dilapidation de deniers publics. En Algérie, le juge est constamment sur un siège éjectable et privé de tous les moyens nécessaires en mesure de faire éclater la vérité. Trois décrets présidentiels importants, visant à moraliser la vie publique et à prémunir les commis de l'Etat et agents publics contre la corruptibilité et toute autre forme d'enrichissement illégal, ont été publiés au Journal officiel. Un des trois décrets fixe la composition, l'organisation et les modalités de fonctionnement de l'Organe national de prévention et de lutte contre la corruption (ONPLC). Cet organe, présenté comme «une autorité administrative indépendante jouissant de la personnalité morale et de l'autonomie financière», est placé sous l'autorité du président de la République. Le vrai problème de la corruption ne réside pas, uniquement, dans la création des structures anticorruption fussent-elles indépendantes. Le rôle d'une justice «impartiale, et plus indépendante dans ses jugements, une justice plus rapide aussi dans son fonctionnement», tel que l'a décrit le chef de l'Etat, est souhaité réellement afin de devenir un véritable moteur dans la lutte contre la corruption.