Le récent relèvement du SNMG à 15.000DA aura-t-il des incidences directes sur le pouvoir d'achat du travailleur? Peut-il freiner l'embauche et accentuer le chômage? Et sonnera-t-il le glas pour une croissance continue et durable? Trop de questions qu'Ouyahia, qui table sur une croissance annuelle de l'ordre de 9%, devra résoudre. La revalorisation du salaire minimum devra, néanmoins, faire perdre à l'économie nationale plus de 3 points si l'on considère qu'une éventuelle hausse des salaires de 5% seulement lui ferait perdre l'équivalent d'un point sur son taux de croissance et quelque 5 milliards de dollars pour le Trésor. S'appuyant sur des performances américaines ou chinoises, certains analystes accusent le Snmg d'avoir un impact négatif sur l'emploi. Le gouvernement, lui-même, reconnaît que la politique des revenus «doit tenir compte de l'amélioration réelle du niveau de productivité, des performances de l'économie nationale et de l'évolution du coût de la vie» (point 17 du préambule du Pacte national économique et social -PNES). En matière de pouvoir d'achat des travailleurs, la première dame du PT, Louisa Hanoune, estime que cette hausse ne serait bénéfique que si elle est accompagnée d'un plafonnement des prix des produits de large consommation. L'amélioration du pouvoir d'achat demeure intimement liée à la production de richesse, ce qui ressort de l'objectif n°12 du PNES. Cette question sera, certainement, débattue lors de la prochaine rencontre entre le Premier ministre, le SG de l'UGTA et les présidents des organisations patronales. Rencontre qui se tiendra à la fin du premier trimestre 2010. La prochaine tripartite qui aura lieu, selon certaines indiscrétions, à la fin mars prochain, devra sérieusement se pencher sur la question de la hausse de certains produits que l'Etat continue de contrôler. En effet, force est de constater que le gouvernement ne fait absolument rien pour freiner les hausses successives des prix à la consommation de l'essence, du gasoil, de l'électricité ou encore de l'eau, pour ne citer que ces quelques produits stratégiques. Un réajustement salarial par rapport au pouvoir d'achat est plus que nécessaire pour rattraper le différentiel. L'Etat doit également se résigner à résoudre l'épineuse problématique posée par les travailleurs issus de la Fonction publique qui ne sont pas concernés par l'impératif lié à la rentabilité. Le gouvernement Ouyahia, qui espère arracher de l'UGTA, lors de cette rencontre triangulaire, une promesse de «gel des salaires» pour au moins les trois années à venir, ne verrait pas d'inconvénient à ce que cet accord soit assorti d'une promesse ferme de «réajuster équitablement tous les salaires», une fois que le gouvernement aura achevé son plan II de relance et de soutien à la croissance économique, cette année. Le PNES devrait, selon des sources proches du Premier ministre, baliser le terrain au prochain gouvernement qu'Ouyahia continuera de diriger. Est-ce dans le but de donner plus de réussite au plan III de relance économique, doté d'une cagnotte de l'ordre de 150 milliards de dollars, qui s'étalera jusqu'en 2015. De leur côté, le patronat attend un autre geste de la part du gouvernement pour alléger davantage les taxes et autres charges patronales qui grèvent, encore, la trésorerie de nombreuses entreprises privées. Le président Bouteflika qui était attendu sur cette question n'a, en réalité, fait que rester fidèle à sa logique en matière d'emploi et de développement puisqu'il a promis que le taux de chômage, évalué cette année à 15%, devrait encore poursuivre sa décroissance pour la quatrième année consécutive et que le taux de croissance se maintiendrait autour des 5%.