La grève déclenchée par les deux plus puissants syndicats de l'Education, le CNAPEST et l'UNPEF, a eu un écho retentissant tant son suivi a été massif au niveau de tous les paliers de l'Education. Par devers les arguments des uns et les déclarations médiatiques des autres, l'opinion est en droit de savoir qui manipule qui, et dans quel but. Une telle mobilisation, témoin de la détermination des enseignants, a de quoi nourrir de légitimes inquiétudes. D'abord chez les élèves eux-mêmes, notamment ceux qui sont en classes d'examens avec ce spectre de l'année blanche. Nous croyons savoir qu'à partir de demain, les associations de parents d'élèves engageront une action médiatique et n'excluent pas de solliciter le président de la République. Cette proposition n'étant pas, pour le moment, entérinée définitivement. Du côté du ministère de l'Education nationale (MEN), il y a beaucoup d'interrogations. «Le ministre a tenu parole, il a procédé à des augmentations. Maintenant, on se demande que cherchent réellement ces syndicats. On s'interroge sur leurs desseins», déclare un responsable de la communication. «Dans tous les cas de figure, le MEN ne laissera personne prendre les élèves en otages», a-t-il encore averti. Ce qui pourrait augurer de sanctions futures, mais il est difficile d'envisager cette hypothèse, tant les grévistes sont nombreux. Si l'on se réfère aux chiffres rendus publics par le MEN, on est tenté d'adhérer aux déclarations qui évoquent des «augmentations conséquentes», se situant dans une fourchette de 60 à 70% du salaire de base. Ceci, en sus de rappels qui se traduiraient par des sommes assez rondelettes. «Faux», rétorquent les syndicats qui parlent en ce qui les concerne de «supercherie». A les en croire, ces augmentations ne reflètent pas exactement la réalité, en tous les cas pas dans les proportions annoncées par le ministre. «En tout et pour tout, cette augmentation ne dépasse pas, au meilleur des cas, 3.000 dinars», expliquait Larbi Nouar, le président du CNAPEST qui apportera la précision suivante : «Pour le reste, le ministère n'a fait que convertir d'autres primes qu'on percevait tous les six mois en primes mensuelles, ce qui a produit chez le citoyen l'illusion d'augmentation». Au-delà de la controverse sur les chiffres, les enseignants n'ont pas aimé que leurs «salaires de misère soient étalés dans la presse», «c'est une atteinte à notre vie privée», se sont-ils indignés, avec amertume. Mais, par devers le fait de savoir qui «fabule» et qui dit «vrai», dans cette histoire, c'est la question de savoir jusqu'où ira cette grève et jusqu'à quand les syndicats continueront à prendre comme prétexte des revendications pour masquer des objectifs politiques ou autres?