La vie institutionnelle nationale renaît avec le conseil des ministres, tenu hier. Le président faisant de moins en moins d'apparitions publiques, ses ministres donnaient l'impression de naviguer à vue sans trop savoir quoi décider ou faire. Depuis la réélection de Bouteflika, il y a une année, les membres du gouvernement sont suspendus à ses lèvres épiant ce remaniement si redouté mais qui ne vient jamais. Nos ministres hésitent à aller au charbon et affronter les problèmes et les chantiers de leurs secteurs, de peur de subir le coup de balai présidentiel. Mais, en attendant, le constat sur le terrain renvoie l'image d'un pays en panne. Les conseils des ministres, cadre au sein desquels le président corrige les imperfections et sermonne les ministres qui traînent la patte, se font désirer. Le dernier en date –celui d'hier exclu- s'est tenu le 30 décembre 2009. Quand le président n'est pas là, les ministres sont ipso facto en chômage technique… A plus forte raison depuis la révision de la Constitution qui a consacré un présidentialisme à l'américaine où tous les pouvoirs sont quasiment entre les mains du chef de l'Etat. Il faut croire que cette concentration du pouvoir n'a pas été sans déteindre sur cette situation. Même le Premier ministre ne peut plus tenir le gouvernail dès lors qu'il n'est plus soumis, constitutionnellement parlant, à l'épreuve du parlement. Les observateurs relèvent, à juste titre d'ailleurs, que le président Bouteflika semble bouder son équipe y compris ceux qui sont «proches », à l'exception peut-être de Zerhouni. Hamid Temmar, ministre de l'Investissement, est le dernier à avoir fait les frais de la «bouderie» du président. En effet, mercredi passé, Bouteflika n'a pas jugé utile de l'inviter à assister à l'audience qu'il avait accordée au ministre du Développement économique du gouvernement de l'émirat d'Abou Dhabi (Emirats arabes unis), Nacer Ben Ahmed Al-Souidi. Pourtant c'est bien son domaine de compétence qui était en question et le président a coutume d'associer ses ministres aux discussions avec les délégations étrangères. Qu'attend le président, si tel est le cas, pour renvoyer des ministres qui ont échoué dans leur mission? Métro et Tramway sont devenus des tunnels sombres. Le programme AADL bât de l'aile et l'Agriculture n'est pas mieux lotie tout comme la Pêche. Quant à l'Ecole et la Santé, il vaut mieux ne pas en parler. La multiplication des conflits dans ces secteurs est un indicateur de panne avérée.