Emigrer au Canada, ou avoir droit à un asile politique, sera désormais plus difficile pour nos compatriotes. Ceux qui souhaitent aller vivre au pays de l'Erable devraient se plier à de nouvelles mesures des plus rigoureuses.En effet, un projet de loi visant à réduire la fraude et les fausses déclarations via les fameux bureaux de consulting vient d'être présenté par le ministre de la Citoyenneté, de l'Immigration et du Multiculturalisme (MCIM), Jason Kenney. Objectif: opérer un tour de vis dans l'octroi des «droits à l'immigration professionnelle, l'asile politique et les mariages de complaisance». Principale cible, les personnes d'origine «non européenne». En clair, il s'agit surtout des ressortissants arabes, en général, et des Maghrébins, en particulier, dont le nombre est en passe d'atteindre cette année «le tiers de la population totale du Canada», selon des statistiques officielles. Ainsi, le nouveau dispositif législatif vise à réglementer «plus strictement» la profession de consultant en immigration. La «loi contre les consultants véreux» doit éliminer les lacunes légales utilisées par des consultants autoproclamés exploitant des candidats à l'immigration et pratiquant le mensonge pour faire accepter leurs dossiers, estime le ministre Canadien. Il est, ainsi, établi que des «consultants malhonnêtes incitent les postulants à mentir dans leur demande d'immigration, à inventer de fausses histoires de persécution dans leur demande d'asile, ou à contracter des mariages de complaisance avec des citoyens canadiens ou des résidents permanents, sapant ainsi l'intégrité et l'équité du système d'immigration du Canada», affirme Jason Kenney. Si l'objectif n'est pas, tout à fait, de contrer l'émigration légale, il reste tout de même que les autorités canadiennes souhaitent freiner l'afflux de plus en plus important des émigrés non européens. C'est exactement la politique suivie en France puisque Eric Besson, le ministre français de l'Immigration, qu'il a d'ailleurs reçu la semaine dernière, a dénoncé ce qu'il a appelé le «supermarché de l'asile» qui fait que des migrants économiques se font passer pour des personnes persécutées. Le ministre français de l'Immigration et de l'Identité nationale pense que les étrangers «exploitent les sentiments des Français pour des «mariages gris» juste bons pour obtenir des papiers. De là à dire que le ministre canadien a été inspiré par son collègue français, il n'y a qu'un pas que d'aucuns n'hésiteront pas à franchir allégrement. En effet, lors de leur tête à tête, les deux ministres ont constaté «le détournement des procédures en Europe comme au Canada, et la nécessaire adaptation de leurs dispositifs d'asile (réforme au Canada, harmonisation en Europe), afin de pouvoir continuer à rester fidèles à leurs traditions d'accueil des personnes persécutées». C'est ainsi que la «Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés» (LIPR) en vigueur au Canada devrait être amendée, de sorte que seuls les consultants autorisés, les avocats et les notaires, membres en règle d'un organisme de réglementation autorisé par le ministre, pourraient recevoir des honoraires en échange de conseils, y compris avant la présentation d'une demande ou le début d'une procédure. Mais le gouvernement de cet immense pays à la population modeste ne ferme pas totalement la porte. Bien au contraire. Le Canada qui accueille, ces dernières années, un quart de million d'émigrants par an est pratiquement obligé de maintenir ce rythme pour continuer de faire croître son économie. Pour cause, les personnes âgées de plus de 65 ans pourraient dépasser le nombre d'enfants de moins de 14 ans dès 2015 et au plus tard en 2021, selon des projections de l'institut canadien de la statistique. Les prévisions font ressortir que le nombre de personnes âgées de plus de 65 ans pourrait doubler d'ici un quart de siècle, passant de 4,7 millions en 2009 à 10 millions en 2036. Pendant la même période, la population canadienne devrait passer de 33,7 millions à environ 43 millions de personnes, selon un scénario de croissance moyenne, souligne l'institut. C'est dire que le Canada aura encore, et pour longtemps, besoin des immigrés. Le gouvernement canadien veut aussi réformer en profondeur son système de demande d'asile pour venir en aide plus rapidement aux réfugiés ayant besoin de protection et accélérer le renvoi des demandeurs dont le dossier n'est pas fondé. Actuellement, environ 60.000 demandeurs d'asile attendent une décision dans leur dossier, une démarche qui prend en moyenne 19 mois. Ce délai est «trop long pour ceux qui ont besoin d'aide», lâche Jason Kenney en promettant de le ramener à deux mois.