Pour la majorité du peuple tunisien, Leila Ben Ali, l'épouse de Zine El Abidine, est «la femme par qui le malheur est descendu sur les pauvres». C'est du moins ce que raconte aujourd'hui la rue chez le voisin de l'est où l'évocation du seul nom de Trabelsi fait encore rager. Mais qui est donc cette femme si conspuée? «Leila Ben Ali a grandi avec dix frères et sœurs dans un quartier pauvre de Tunis. Formée comme coiffeuse, elle a rencontré dans un salon son premier mari, dont elle a divorcé trois ans plus tard. La suite est plus trouble. Se livrant à de petits trafics douaniers, elle aurait été arrêtée et aurait alors rencontré, à la Sûreté, Zine El Abidine Ben Ali, son futur mari et président. Avant de l'épouser, elle aurait eu une liaison avec un industriel cultivé, Farid Mokhtar. Ce dernier est mort des années plus tard suite à un mystérieux accident de voiture, alors qu'il était pris dans une lutte de pouvoir contre le clan Ben Ali», raconte-t-on dans un livre qu'elle avait tenté de faire interdire en France et qui revient sur la prise de pouvoir du clan Trabelsi. C'est un livre qui revient également sur trois autres personnages: son frère Belhassen, qui se serait spécialisé dans l'achat à bas prix de terrains classés au patrimoine historique pour les revendre à prix d'or après avoir été déclarés constructibles; son neveu Imed, soupçonné par la justice française de s'être approprié un yacht volé dans le port de Bonifacio; et enfin Sakhr el-Materi, l'époux de Nesrine, l'une des filles du couple Ben Ali. Les auteurs du livre «La Régente de Carthage. Main basse sur la Tunisie» affirment encore que Leïla Trabelsi ambitionnait même de conserver le pouvoir, avec l'aide de quelques hommes de paille, soutenant par ailleurs que des hommes et femmes ont essayé de résister à la Dame de Fer, citant Mohamed et Madeleine Bouebdelli qui ont toujours refusé d'accorder des privilèges aux enfants des membres du clan dans ses établissements scolaires. «Ce fut, aux yeux de Leïla, leur premier tort. Leur second était d'occuper un terrain de 10000 mètres carrés, très recherché au centre de Tunis. Ils ont été contraints de fermer leur lycée», lit-on dans un article. C'est ce qui a poussé Mohamed Bouebdelli à publier un livre (Le jour où j'ai réalisé que la Tunisie n'est plus un pays de liberté. Disponible sur www.bouebdelli.com ou www.bouebdelli.org). Sur la toile il n'a jamais cessé d'appeler les Tunisiens à se mobiliser pour asseoir la démocratie en Tunisie.