Au moment où, en Tunisie et en Egypte, les partis du pouvoir sont remis en cause, intégrés dans les revendications populaires de départ des régimes, le regard est inévitablement orienté vers le parti FLN. Quand bien même que le RND surtout et le HMS accessoirement sont considérés comme appartenant au pouvoir, c'est plutôt le FLN qui est considéré comme le soutien inconditionnel du pouvoir et du régime. Soutien inconditionnel mais pas faiseur de présidents. Ce n'est pas le FLN qui fait et défait les présidents, mais c'est lui qui est actionné pour apporter son appui. Il est attendu de lui qu'il fasse des communiqués de soutien et c'est ce qu'il fait admirablement bien, donnant l'impression d'une autonomie complète. Maitre de ce qu'il dit et de ce qu'il fait? Personne n'y croit en réalité, même pas ses dirigeants. On rapporte que feu Messaadia ne comprenait pas la quête du FIS à être au pouvoir, alors que le FLN n'y est jamais parvenu, des décennies durant. Autonome le FLN? Ses dirigeants successifs ont bien voulu le faire croire. Mais l'épisode des «instructions d'en haut» prouvent qu'il n'en est rien de cela. B. Benhamouda y avait tenté mais il avait compris qu'il n'en était rien et qu'il n'y parviendrait jamais. Benflis, pourtant Secrétaire Général, a subi l'épisode de la «justice de nuit». A qui appartient le FLN sachant que ses membres fondateurs ne sont pas ceux qui le dirigent actuellement? Il y en a cependant qui continuent à défendre la thèse selon laquelle tous les courants qui traversent ce parti représentent les vrais décideurs, ceux d'où «descendent» les «instructions d'en haut». Capacité du FLN en tant que parti à peser sur les grandes orientations politiques relatives à la politique extérieure du pays? Même question pour ce qui concerne la politique intérieure. En définitive, s'agirait-il d'un parti qui est réellement au pouvoir avec toutes les implications qui en découlent? Le FLN a survécu à au moins trois évènements. Il a d'abord survécu à l'indépendance. Sa mission était terminée du fait que l'indépendance était acquise et qu'il devait rejoindre le musée de la révolution, libérant tous les courants politiques qui avaient accepté de rejoindre le FLN en se désactivant jusqu'à l'accès à l'indépendance nationale. Cela n'avait pas été le cas et il s'en était suivi une sorte de parjure. Il a ensuite survécu à la dissolution du FIS. Il n'avait pas pu faire le poids face à ce parti dissous par la suite. Les membres du parti FLN (les militants?) s'étaient présentés aux élections législatives de l'époque, non pas en tant que militants, mais en tant que fonctionnaires. La tradition «vainqueur» d'office a inhibé les «militants» du FLN lors des élections sans concurrents durant l'ère du parti unique qui diffusait le message «unité de pensée, unité d'action». Il a ensuite survécu grâce au refus politique de la légalisation de WAFA. On disait de ce dernier parti qu'il allait devenir la jonction entre les militants conservateurs du FLN et ceux de l'ex-FIS. Le FLN majoritaire à l'assemblée nationale, et dans son sillage les deux autres partis liés au pouvoir, y est investi d'au moins trois missions. La première consiste à s'opposer aux propositions de l'opposition et à condamner celle-ci à son impuissance législative. La deuxième consiste à donner une «légitimité juridique» ou la légalité aux décisions de l'exécutif. La troisième consiste à rendre impossible la constitution parlementaire de commissions d'enquête proposée par l'opposition.