Les principaux partis d'opposition algériens demandent au président Abdelaziz Bouteflika de changer de Premier ministre et de former un nouveau gouvernement de techniciens afin de garantir l'équité des élections législatives prévues en mai. L'Algérie est le seul pays d'Afrique du Nord à ne pas avoir été secoué par la vague de révoltes populaires qui a déferlé sur la région l'année dernière mais le scrutin pourrait servir d'élément déclencheur de manifestations antigouvernementales. Le parti Ennahda, le parti des Travailleurs et deux partis islamistes (le MSP et le Front pour la justice et le développement) réclament le départ du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, avant l'élection estimant que l'actuel gouvernement n'est pas en mesure d'organiser un scrutin juste et libre. "Si Bouteflika est sérieux lorsqu'il parle d'élections libres et justes, il doit accepter nos requêtes et nommer un nouveau gouvernement avec une seule mission: superviser les élections", a déclaré Fateh Rebai, du parti Ennahda. "Il faut changer le gouvernement. Nous ne lui faisons pas confiance. Une fraude électorale serait le signe que le gouvernement n'est pas sérieux concernant les réformes et la révolte serait alors un scénario très probable." Un haut responsable du MSP (Mouvement de la société pour la paix) a pour sa part indiqué que le "parlement" du parti avait exhorté Bouteflika "à nommer un gouvernement de techniciens pour superviser les prochaines élections législatives", Le chef de l'Etat n'a fait aucune déclaration officielle à ce sujet mais selon une source proche des discussions au sein de l'élite au pouvoir, la décision a d'ores et déjà été prise de nommer une figure politique neutre au poste de Premier ministre pour surveiller l'élection. L'ancien juge et actuel ministre du Travail, Taïeb Loub, fait figure de favori. Le gouvernement algérien a invité pour la première fois des observateurs de l'Union européenne à venir surveiller le bon déroulement du scrutin.