La Tunisie mène actuellement une large campagne politique et diplomatique pour tenter d'obtenir un soutien international à même d'assurer les conditions de succès à la période de transition et asseoir les bases démocratiques édificatrices de l'Etat de droit. Ainsi, le gouvernement provisoire a appelé à la tenue à Carthage d'une conférence internationale sur les réformes politiques et économiques alors que le président tunisien par intérim a souligné l'impératif d'engager des négociations sociales entre les différentes parties en vue de définir les véritables revendications socioprofessionnelles. C'est dans le sillage des efforts du gouvernement provisoire tunisien qu'intervient la visite samedi en Tunisie du ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, pour témoigner du soutien de son pays au processus de démocratisation dans cette période de transformation politique. Un soutien d'autant plus conforté par la confirmation par la chancelière allemande Angela Merkel de participation de son pays à la conférence internationale de Carthage prévue en mars ou avril prochains et consacrée à l'examen des procédures et mesures permettant d'accorder des aides internationales à la Tunisie et lui assurer ainsi les conditions de succès à la transition démocratique et à l'instauration des fondements de l'Etat de droit et des libertés fondamentales. Le ministre allemande des AE est arrivé, rappelle-t-on, deux jours avant l'arrivée du chef de la diplomatie européenne et vice-présidente de la Commission Européenne, Catherine Ashton qui aura plusieurs rencontres avec des membres du gouvernement provisoire ainsi que des réunions avec les présidents des partis politiques et les responsables de la société civile avec lesquels elle évoquera l'aide que l'UE compte apporter à la Tunisie après la chute du régime du président Zine el Abidine Ben ali et l'intention de l'UE de "revoir à la hausse le niveau de ses relations avec la Tunisie en accordant au pays un statut avancé". Des députés européens avaient appelé, lundi à Bruxelles, à une conférence de donateurs pour la Tunisie, destinée à coordonner l'aide internationale à la transition démocratique dans ce pays estimant que "l'aide internationale devait être coordonnée". La visite du ministre britannique des affaires étrangères, William Hague, en Tunisie, première d'un chef de la diplomatie européenne après la chute du régime du président déchu, a été marquée par une position britannique de soutien à la Tunisie pour la faire sortir de la crise actuelle. Le responsable britannique a évoqué avec des membres du gouvernement provisoire tunisien les moyens à même de renforcer la coopération entre les deux pays dans le domaine économique et en terme d'investissements. Les élections prévues dans six mois ont également été au centre des entretiens de M. Hague à Tunis. Emboîtant le pas aux deux pays européens, l'Allemagne et la Grande-Bretagne, la France a confirmé sa participation à la conférence internationale de Carthage exprimant son souhait que l'UE accorde à la Tunisie un statut avancé. Le gouvernement français a d'ailleurs chargé la ministre de l'économie, Christine Lagarde, de se rendre en Tunisie pour apporter la contribution de la France à la préparation de la conférence internationale sur le soutien aux réformes politiques et économiques en Tunisie et examiner les moyens de renforcer le partenariat économique entre la Tunisie et la France. Outre sa volonté de soutenir la Tunisie en cette période cruciale de son histoire, la France souhaite aussi approfondir et renforcer son partenariat économique avec la Tunisie. La France est le premier partenaire commercial de la Tunisie et le premier investisseur dans ce pays avec près de 1250 sociétés et environ 110.000 emplois créés. Dans le cadre des efforts politiques et diplomatiques tunisiens pour garantir le succès de la transition, des entretiens ont également eu lieu entre le Premier ministre, Mohamed Ghannouchi, et le directeur des opérations Afrique et Moyen-Orient au Centre de Genève pour le contrôle démocratique des forces armées (DCAF), Arnold Luethold. Les deux parties ont procédé à un échange de vues sur la situation actuelle en Tunisie et l'importance majeure de réussir la transition démocratique. M. Luethold a exprimé la disponibilité de son organisation à apporter son soutien à la Tunisie et au gouvernement transitoire, notamment en matière de bonne gouvernance sécuritaire. Le Centre de Genève pour le contrôle démocratique des forces armées est une organisation internationale créée en 2000 par le gouvernement suisse. Il comprend 53 Etats membres et fournit un soutien consultatif sur le terrain et des programmes d'assistance dans le domaine de la réforme du secteur de la sécurité et de sa bonne gouvernance. Les entretiens entre M. Ghannouchi et l'ambassadeur du Japon à Tunis, Toshiyuki Taga, ont permis d'expliquer que la Tunisie avait entamé une nouvelle étape de son histoire animée d'une ferme volonté de réunir les meilleures chances de succès de la transition démocratique, d'instaurer les fondements de l'Etat de droit et des institutions et de renforcer les droits de l'Homme qui seront à même de poser les jalons d'un développement équitable pour toutes les catégories et toutes les régions. De son côté, le diplomate japonais a exprimé la volonté de son pays de soutenir la Tunisie en cette importante étape transitoire, afin de lui permettre de réaliser les aspirations et ambitions de son peuple. Il a également fait part de la disposition du Japon à participer à la conférence internationale sur les réformes politiques et économiques.