Des historiens ont passé en revue dimanche à Alger certains crimes coloniaux commis par la France en Algérie, notamment les massacres perpétrés contre les tribus des Aoufia et des Ouled Riyah et les essais nucléaires de Reggane (Adrar). Lors d'une conférence organisée par l'association "Machaal Echahid", l'historien Amar Belkhodja a évoqué les pratiques inhumaines de la colonisation française contre la tribu des Aoufia près d'El-Harrach (Alger) dont les membres ont été décimés pendant leur sommeil. La tribu des Aoufia avait été accusée d'avoir barré la route à une délégation de valets de la France conduite par le dénommé Ferhat Bensaid et volé les cadeaux envoyés au gouverneur général d'Algérie de l'époque (1831), lequel avait ordonné le massacre de toute la tribu sauf son Cheikh qui a été sommairement jugé et assassiné, a précisé le conférencier. La tête du Cheikh a été coupée et offerte à un médecin français pour effectuer des expériences, ce qui procède d'une cruauté et d'une infamie sans bornes, a souligné l'historien. Les génocides et les massacres se sont poursuivis partout en Algérie, a-t-il ajouté, évoquant les enfumades du Dahra (Mostaganem) contre la tribu des Ouled Riyah dont les membres (près de 1000 personnes) avaient été contraints par l'armée coloniale à la mort par suffocation à l'intérieur d'une grotte prétextant la recherche de Boumaaza, un des symboles de la résistance dans la région. Il a rappelé que la tribu a été forcée de se réfugier à l'intérieur de la grotte de Tekmaria en 1845 avant que cette dernière ne soit fermée alors qu'elle contenait des produits inflammables. Au bout de 36 heures, l'incendie qui s'y est déclaré avait ravagé toute la tribu et seules 40 personnes y avaient survécu. M. Belkhodja a, par ailleurs, indiqué que les Français, à travers cet acte horrible, avaient devancé Hitler en matière de génocides, de répression et de torture. Se référant aux mémoires du général De Gaulle dans lesquelles ce dernier rapportait une discussion avec l'écrivain et politicien Français Alain Brefti, l'historien Mohamed El-Korso a, de son côté, évoqué les essais nucléaires français dans le Sahara algérien. Dans sa lecture des mémoires du général, M. Belkhodja a affirmé que le France ne pouvait recouvrer son autorité ni être une force de dissuasion dans le monde sans la bombe nucléaire. M. El-Korso a ajouté que ce problème préoccupait énormément le général De Gaulle qui aspirait à se doter de l'arme nucléaire devant permettre "l'indépendance" militaire de la France. Citant lesdites mémoires, l'historien a relevé que le général De Gaulle s'était réuni le 3 novembre 1959 avec des chefs de l'armée, des chercheurs et des experts en physique nucléaire qu'il a instruits de produire l'arme nucléaire dans les plus brefs délais, ajoutant que De Gaulle avait affirmé que ces essais auront lieu dans le Sahara algérien. M. El-Korso a souligné que le choix du Sahara algérien était dicté par des intentions "racistes", ajoutant que des centaines d'Algériens et 150 prisonniers étaient massés dans la zone "Zéro" afin de servir de "cobayes". Il a, enfin, estimé que la France avait commis des crimes non seulement à l'encontre de l'Algérie mais encore contre l'Afrique toute entière, précisant "que l'Algérie avait basculé durant cette période de l'impérialisme colonial à l'impérialisme nucléaire". Avant de conclure l'historien devait citer un passage des Mémoires du Général qui avait écrit "la bombe nucléaire nous permet de tuer 20 millions d'hommes en l'espace de deux heures".