Le débat annoncé sur l'islam en France continuait lundi d'alimenter les appréhensions quant à son issue, des associations et des politiques y voyant un risque de retourner des Français contre d'autres. Pour la Fondation Terra Nova, ce débat est "malheureusement instrumentalisé à des fins politiciennes, jouant sur les peurs et les conservatismes". "L'objectif y est inversé à l'intérêt général de notre pays : rejeter cette mutation, creuser le fossé entre eux et nous, dresser la France contre la France", a commenté la Fondation. Pour Terra Nova, un think tank visant à diffuser des solutions politiques "innovantes", le débat annoncé par le parti présidentiel, L'UMP, sur l'identité nationale a ainsi été transformé en "panel islamophobe, et nul doute que celui sur la place de l'Islam atteindra de nouveaux sommets dans la stigmatisation du + péril intérieur+". Le président du Parti radical, Jean-Louis Borloo, a défendu, de son côté, la loi de 1905 de séparation des Eglises et de l'Etat, ajoutant que le débat sur la laïcité voulu par Nicolas Sarkozy ne devait pas apparaître comme "un revolver braqué" sur l'Islam. Qualifiant de "loi extraordinaire" le texte de 1905, l'ancien ministre de l'écologie a cité celui qui en avait été le rapporteur, Aristide Briand, qui ne voulait pas, selon lui, "que cette loi soit un revolver pointé contre l'Eglise". "Nous sommes la plus grande communauté juive d'Europe, la plus grande communauté arabo-musulmane d'Europe, nous sommes la fille aînée de l'Eglise mais nous sommes d'abord la République et la laïcité c'est notre pacte. Alors attention que la laïcité ne soit pas une arme braquée sur une religion", a-t-il insisté. L'ex-ministre de l'Environnement et eurodéputée Corinne Lepage a estimé, elle, qu'un débat sur l'Islam en France "n'a pas lieu d'être" et que son pays était interpellé par des questions d'actualité concernant son avenir. "Plutôt qu'un débat sur l'Islam qui n'a pas lieu d'être, organisons un référendum sur l'atome!", a-t-elle dit en réponse à une question sur l'avenir des centrales nucléaire en France à la suite des risques révélés par le séisme au Japon en matière de sécurité nucléaire. Des représentants de musulmans de France, des personnalités et des élus avaient exprimé jeudi à Paris leur "indignation" par la tournure que prend le débat sur l'Islam prévu en avril. Réunis à la Grande mosquée de Paris, une vingtaine d'associations, des personnalités et des élus de Droite et de Gauche, venus de toutes les régions de l'Hexagone, ont dénoncé les "atteintes intolérables à la dignité de l'Islam en France notamment dans le déroulement solennel de la prière du vendredi et l'atteinte à la liberté du culte musulman contraire à la loi de 1905", sur la laïcité.