ALGER- Le Front des forces socialiste (FFS) a considéré samedi, par la voix de son secrétaire national Karim Tabbou, que le processus des réformes politiques, tel qu'il est mené depuis son annonce en avril dernier, "n'arrive pas à convaincre les Algériens". Lors d'une conférence de presse animée au siège du parti, M. Tabbou, a estimé que les consultations menées par la commission de M. Abdelkader Bensalah "ne peuvent pas être considérées comme un processus politique, mais juste une série de consultations qui jusqu'à présent, n'ont pas marqué d'une manière extraordinaire le citoyen et l'opinion publique de manière générale". Selon l'orateur, "il n'y a aucun acte sérieux sur le terrain susceptible de convaincre et de montrer l'existence d'une quelconque volonté de changer la situation", en voulant pour preuve "la poursuite de l'interdiction des manifestations publiques de la part des pouvoirs publics". "C'est l'avenir d'une génération entière qui est en train de se décider aujourd'hui, notamment sur le plan économique, et il est important qu'il y ait des propositions sérieuses pour arrêter le bradage du pays", a martelé le responsable du FFS, qui a décidé de ne pas participer aux consultations en cours. "Tout le monde bouge, l'histoire bouge et on ne peut pas figer un peuple et un pays", s'est-il écrié. Interrogé sur la décision de l'ancien secrétaire général du Front de libération nationale, M. Abdelhamid Mehri, de prendre part, quant à lui, aux consultations politiques, M. Tabbou, a observé qu'entre le FFS et M. Mehri, il y avait des "convergences" politiques importantes mais que "chacun avait sa conception de la démarche à suivre". L'Instance de consultations sur les réformes politiques a entamé ce samedi sa quatrième semaine d'activités et a déjà recueilli les avis de plusieurs dirigeants de partis et d'organisations civiles ainsi qu'un certain nombre de personnalités nationales. Par ailleurs, M. Tabbou a annoncé des changements au sein du secrétariat national qui a été chargé "d'impulser les chantiers proposés par le président du parti". Il a informé, à l'occasion, avoir installé un cabinet conseil chargé d'orienter toutes les actions des élus du parti. Il a expliqué que le changement au niveau du secrétariat se présentait sous la forme d'un "réaménagement" pour réaliser des objectifs considérés comme "prioritaires" par le président du parti, et pour "s'adapter aux ambitions du parti et à la situation du pays". M. Tabbou a annoncé, à cette occasion, que le parti prévoyait de tenir une session ordinaire du conseil national le 1er et le 2 juillet prochain et de la consacrer à l'analyse politique et l'évaluation globale de la situation et de l'action du parti. Il a, par ailleurs, présenté une note adressée au parti par le président du FFS, M. Hocine Ait Ahmed, où ce dernier aborde la situation politique du pays et les réformes politiques en cours, et détermine les chantiers du FFS pour "s'ouvrir sur la société". Dans sa note, M. Ait Ahmed a instruit le premier secrétaire national du parti de réaménager le secrétariat national du parti en fonction des nouvelles perspectives du parti, de même qu'il a instruit le président du comité d'éthique de renforcer cette instance. M. Ait Ahmed, qui parle de "crise nationale", estime que "les réformes proposées par le chef de l'Etat sont peu crédibles et peu susceptibles de remédier au tsunami politique, économique et social provoqué par la décennie de sang suivie par une décennie de prédation de grande ampleur", selon lui. Le président du FFS s'est interrogé, dans sa note, sur "les fonctions véritables" assignées à la commission de consultations. "On pense à gagner du temps, mais surtout à faire diversion", écrit le chef du FFS. Dans sa missive, Ait Ahmed parle aussi d'accords commerciaux et financiers qui auraient été conclus avec des partenaires "dans l'opacité absolue" et qui, à son avis, peuvent compromettre la sécurité nationale, voire même la souveraineté du pays". Pour cela, estime-t-il, "les décisions économiques et financières qui engagent l'avenir de générations entières exigent un débat transparent, sérieux et un consensus de la nation". Il a également observé que "Ie problème de gouvernance du pays était en train de détruire les relations entre les institutions elles-mêmes, après avoir déstructuré les rapports entre l'Etat et les citoyens, puis entre les citoyens eux-mêmes". Le leader du plus vieux parti d'opposition a ajouté : "ce moment est important (...) et nous devons être capables de donner le meilleur de nous mêmes (....) dans la discipline que nous saurons nous imposer". Il termine en instruisant la direction de sa formation politique de prendre des mesures afin de mettre en place des "outils" à même d'accélérer le processus d'ouverture du parti sur la société, par le biais de quatre chantiers à ouvrir en priorité, à savoir les jeunes, les travailleurs, les femmes, et la feuille de route d'étape de restructuration du parti.