PARIS - La ligue française des droits de l'homme (LDH) a estimé vendredi que le Gouvernement "plonge dans l'indignité" en procédant à l'embarquement de familles de Roms roumains dans un tramway pour les éloigner du département de Saint-Denis où elles avaient trouvé refuge. "Après une nouvelle évacuation de leur bidonville, des familles de Roms roumains ont été entassées par la police dans une rame du tramway jusqu'à la gare de Noisy-le-Sec puis forcées à prendre le RER avec l'objectif de leur faire quitter le département", s'est indignée la LDH, dans un communiqué. Mercredi dernier, un tram de la RATP avait servi à l'évacuation, tôt le matin, d'un camp de 150 Roms en Seine Saint Denis. "Cette traque inhumaine menée par l'Etat contre les plus précaires est inacceptable", a indiqué la LDH, qui condamne cette opération "indigne de bannissement territorial menée sous les ordres du préfet de Seine-Saint-Denis". Pour elle, la réquisition des moyens de transport public est "injustifiable" et "la complicité des représentants locaux de la RATP est inadmissible". L'ONG rappelle que déjà en 2008 pour des faits semblables à la gare de Massy, la Commission nationale de déontologie de la sécurité, que la LDH avait fait saisir, avait fermement qualifié d'illégal le comportement de la police et du préfet de l'Essonne et fortement condamné la duplicité de la SNCF dans cette affaire. Elle annonce, à cet effet, avoir décidé de saisir le Défenseur des droits désormais compétent pour "instruire de tels agissements". Cette affaire de "déportation" des Roms a suscité un tollé tant parmi la classe politique, qu'au sein de la presse hexagonale. Jean-Paul Huchon (PS), président de la région et du Syndicat des Transports d'Ile-de-France (STIF), a saisi le préfet pour demander des explications et appelle à la sanction des responsables. Jean-Luc Benhamias, vice-président du MoDem, dénonce, lui, une "politique de stigmatisation qui conduit à des pratiques inacceptables". "Plus d'un an après le discours de Grenoble, rien n'a changé : le gouvernement continue sa politique d'expulsion systématique des Roms, de manière volontairement provocatrice", a-t-il dit. Côté presse, le journal de gauche L'Humanité a évoqué un "tramway de la honte", d'autant que selon Médecins du Monde, des enfants seraient montés sans leurs parents.