Le candidat socialiste à la présidentielle, François Hollande, semble dans une position plus confortable au lendemain du 1er tour de l'élection duquel il est sorti en tête (28,63 %) des voix exprimées, encouragé de surcroît pas le ralliement au second tour par le Front de Gauche et les Verts, au moment où son poursuivant, Nicolas Sarkozy (27,18%) lorgne l'électorat de l'extrême droite pour tenter de "redresser" la barre, le 6 mai prochain. Dimanche soir déjà, le président du Front de Gauche, Jean-Luc Mélenchon (11,10%) a appelé, dans un discours à Paris, à "battre" Nicolas Sarkozy le 6 mai "sans rien demander en échange". Il a estimé détenir "la clé du résultat final dans ses mains". "Il faut briser l'axe Sarkozy-Merkel en France", a ajouté le candidat du FG. "Il faut absolument que tous les hommes et les femmes de gauche se mobilisent et se rassemblent autour de François Hollande parce que le danger de la droite et de l'extrême droite n'est pas écarté", a renchéri, de son côté, Marie-George Buffet, députée communiste de Seine-Saint-Denis. Pour elle, il faut une "très forte mobilisation à gauche pour que la gauche remporte cette élection". Pierre Laurent, le patron du PCF, parti du Front de gauche, a, lui aussi, indiqué appeler "sans ambiguïté" à voter pour le candidat PS. Emboîtant le pas à ses ½ alliés traditionnels », la candidate Europe Ecologie-Les Verts, Eva Joly (2,31%) a également appelé ses partisans à se rassembler autour de François Hollande pour le second tour de l'élection présidentielle. Elle a dit souhaiter "tout faire pour que notre pays sorte du sarkozysme". Cécile Duflot, secrétaire nationale de Europe Ecologie-Les Verts, avait appelé, elle aussi, à "serrer les rangs autour de François Hollande". "Il faut serrer les rangs autour de François Hollande et se dire que chaque voix compte, et chaque voix des écologistes comptera pour le 6 mai et pour faire vivre un autre projet politique", a-t-elle déclaré. Tentant de récupérer la montée en puissance de l'électorat frontiste (17,90), Pierre Moscovici, le directeur de campagne du candidat socialiste, a indiqué que l'électorat du FN exprime "une colère sociale incroyable" à laquelle il faut apporter des réponses. "Cette colère sociale, nous voulons l'entendre et dire que nous avons des réponses, nous, à ce qui les préoccupe", a-t-il souligné. N'ayant pour l'heure reçu aucun signe de ralliement pour le second tour, le président sortant continue de lorgner les voix du Front national. Il a jugé lundi qu'il fallait "respecter" et "apporter une réponse" aux électeurs du FN. "Il faut respecter le vote des électeurs, notre devoir c'est de l'entendre. Il y a ce vote de crise qui a doublé d'une élection à l'autre, c'est à ce vote de crise qu'il faut apporter une réponse", a déclaré Nicolas Sarkozy, ajoutant que les électeurs du FN "doivent être respectés". "Ils ont fait un choix, ils ont exprimé un choix. C'est un vote de souffrance, un vote de crise, pourquoi les insulter ?", a-t-il demandé. Le conseiller spécial du chef de l'Etat, Henri Guaino, tente, de son côté, de séduire l'électorat de l'extrême droite, assurant qu'il ne faut pas stigmatiser les électeurs qui ont voté pour la candidate du Front National. Pour lui, les électeurs de Marine Le Pen ne sont pas tous des militants FN. Tout en écartant des "négociations secrètes" entre les deux tours avec le FN, le proche du président sortant a indiqué que son parti est prêt à "parler aux Français", parmi l'électorat FN. Pour l'heure, la présidente du FN n'a pas donné de consigne de vote pour le second tour. Elle ne devrait pas le faire pour le 6 mai, a laissé entendre Louis Aliot, vice-président du parti. Les consignes ne pourraient pas être autre chose que "ni Sarkozy, ni Hollande. En l'état actuel des choses, Il n'y aura pas de consigne. Sur les idées majeures de notre programme, ni les uns ni les autres ne les développent ou ne les défendent donc ça paraît très improbable", a-t-il dit, ajoutant que Marine Le Pen fera "l'analyse du scrutin" le 1er mai au cours d'une intervention prévue place de l'Opéra à Paris. L'autre énigme de l'entre-deux-tours, est le centriste François Bayrou (9,13%) qui continue de faire durer le suspense. Reconnaissant que son score n'était "pas à la hauteur de ses attentes", le leader du MoDem a appelé à la constitution d'une force rassemblant "tous les démocrates du pays pour lutter contre les extrêmes." "Nous serons présents, nous construirons cette avenir" a-t-il ajouté, assurant qu'il "prendrait ses responsabilités", sans donner plus de précisions pour le moment. Au total, 44,5 millions d'électeurs ont été invités dimanche à choisir entre dix candidats pour l'élection présidentielle en France. Selon les résultats définitifs communiqués lundi par le ministère de l'intérieur, sur 46.037.782 inscrits dénombrés, 36.584.810 ont voté et 35.885.845 se sont exprimés, ce qui porte le taux d'abstention à 20,53%. Les résultats officiels du premier tour seront annoncés officiellement mercredi par le Conseil constitutionnel.