Les pays du dialogue 5+5 se sont engagés à relancer la coopération euro-méditerranéenne lors de leur 2e sommet de haut niveau prévu vendredi et samedi prochains à La Valette (Malte), neuf ans après celui tenu en Tunisie. Le sommet du groupe 5+5, qui est une enceinte de dialogue politique informel, regroupe les cinq pays de l'Union du Maghreb arabe (Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie et Tunisie) et cinq autres de l'Union européenne (Italie, France, Espagne, Portugal et Malte). Ainsi, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, et son homologue espagnol, Garcia Margallo, avaient exprimé le 15 septembre dernier à Madrid le souhait que la rencontre des chefs d'Etat et de gouvernement du dialogue 5+5 soit l'occasion d'assurer la "synergie nécessaire" entre les différents cadres de consultation et de coopération et les initiatives liant les pays des deux rives de la Méditerranée. Concernant le phénomène migratoire, M. Medelci avait déclaré, lors de la 9ème réunion ministérielle du groupe des 5+5 tenue à Rome en février dernier, que la position de l'Algérie était en faveur d'une vision d'ensemble devant aboutir à des résultats concrets sur le phénomène migratoire. "La position algérienne a été considérée comme étant judicieuse et nous avons retenu que le prochain sommet des chefs d'Etat et de gouvernement du groupe prévu à Malte, permettrait non seulement d'informer sur la situation migratoire, mais d'être également en mesure d'apprécier les recommandations sur des mesures de mise en œuvre sachant que la question de la migration concerne tous les pays du groupe", avait-il dit. "C'est donc à la charge de ces pays de réunir des éléments pour que cette solidarité dans la gestion des flux migratoires, ne soit pas seulement une solidarité déclarée, mais active", avait-il affirmé. M. Medelci avait fait savoir, par ailleurs, que les ministres ont également discuté la situation des pays qui sont sortis des "révolutions populaires" et abordé "les conditions dans lesquelles ces pays pourraient être accompagnés dans leur mouvement de transition démocratique engagé, notamment la relance de leur économie par des investissements porteurs de création d'emploi". De son côté, le Premier ministre italien, Mario Monti, avait affirmé le 7 septembre dernier à Bari (Italie), que son pays veut relancer la coopération euro-méditerranéenne à travers le développement d'espaces de dialogue dont celui des 5+5. La région méditerranéenne "est au cœur de la projection extérieure de l'Italie", avait-il dit, mettant en avant "les transformations induites" par le printemps arabe, dans certains pays de la rive sud de la méditerranée. Le Premier ministre italien avait indiqué que la relance de la coopération euro-méditerranéenne devrait se réaliser à travers la mise en place d'"une structure plus souple et bien adaptée à une collaboration intersectorielle efficace", ajoutant que cette structure pourrait "servir d'exemple et de moteur" au processus d'intégration de l'ensemble des pays de la région. La France, quant à elle, y voit une "boîte à outils", qu'elle espère utiliser pour développer la coopération entre pays méditerranéens, après l'échec relatif de l'Union pour la Méditerranée. Lancée en 2008, l'UPM, qui compte 44 membres dont les 27 de l'Union européenne, n'a jamais réussi à atteindre son rythme de croisière, bloquée par l'arrivée des printemps arabes, en 2011. Lors du sommet de La Valette, le président français François Hollande défendra une "Méditerranée de projets", expression utilisée par le chef de l'Etat lors de la Conférence des ambassadeurs le 27 août à l'Elysée. "La France porte depuis longtemps une ambition pour la Méditerranée, pour qu'elle soit un espace de coopération et non pas de tension", avait-il déclaré. "Les échanges économiques qui doivent se multiplier doivent être enrichis par les échanges humains. Les préoccupations de sécurité doivent toujours aller de pair avec une exigence de dignité". Le Premier ministre maltais Lawrence Gonzi, en présentant l'évènement cette semaine, avait exprimé la fierté de son pays d'accueillir le 2e sommet 5+5, ajoutant que ce rendez-vous est "historique en lui-même et sera une vitrine pour le dialogue interculturel" entre rives nord et sud de la Méditerranée. Selon Malte, ce Forum euro-méditerranéen a une "signification politique particulière" car c'"est le seul groupement régional à réunir les membres de l'Union du Maghreb arabe et leurs voisins immédiats de la rive Nord de la Méditerranée". En outre, "sa nature informelle permet une discussion plus franche", ont estimé les autorités de La Valette. Le dialogue 5+5, appelé aussi forum pour le dialogue en Méditerranée occidentale, a été lancé officiellement lors d'une réunion des ministres des Affaires étrangères à Rome (Italie) le 10 décembre 1990, dans un format 5+4. Malte a rejoint la réunion ministérielle à Alger en octobre 1991 comme membre à part entière et continue depuis d'y participer activement. Le sommet 5+5 de Malte examinera divers domaines dont ceux de la sécurité et de la défense ainsi que de la coopération économique et sera aussi l'occasion de faire le point sur de nouveaux domaines de coopération comme l'éducation, l'environnement et l'énergie. Il vise aussi à " redynamiser et promouvoir" la discussion parmi les dix Etats du pourtour méditerranéen sur notamment la question "cruciale" de l'immigration clandestine. La rencontre ambitionne, en outre, d'introduire "la régularité et la prévisibilité" dans les réunions ministérielles et les conférences du sommet organisées dans le cadre du forum. En tant qu'initiative pour la sécurité transméditerranéenne, l'objectif du dialogue 5+5 est d'instaurer une coopération plus étroite entre les cinq membres de l'UE et les cinq pays de l'Union du Maghreb arabe par le dialogue politique et la coopération économique, et en encourageant une meilleure gestion des ressources dans le but de renforcer l'indépendance régionale et le développement. Le premier sommet du Dialogue 5+5 s'était tenu à Tunis en décembre 2003.