Une intervention militaire dans le nord du Mali aura des conséquences "très grave" pour la population locale et dans la région, a affirmé le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, dans un entretien au quotidien le Soir d'Algérie paru jeudi. "Si les gens s'imaginent qu'il faut réinstaurer l'autorité centrale sur le nord (du Mali) par la voie de la guerre, cela aura des conséquences très graves", a expliqué M. Ould Kablia, relavant que, dans ce cas de figure, "il sera très difficile de faire regagner le bercail par les gens du Nord". "Et si cette guerre affecte directement ou indirectement les populations touaregs du Nord, nous avons chez nous aussi des populations qui ont des liens très forts avec ceux du nord du Mali et, de ce fait, cela risque de compliquer les choses", a-t-il ajouté. M. Ould Kablia a indiqué, à ce propos, que l'Algérie "tente d'empêcher" cet état de fait, "en demandant à ce que l'on règle d'abord les problèmes politiques". La priorité pour l'Algérie est de "trouver une solution politique pour régler définitivement le problème de l'unité territoriale", a-t-il dit, appelant les Touaregs du nord du Mali "à renoncer à leurs idées de sécession". "Une fois ce problème réglé, et à mon avis il le sera, éradiquer le terrorisme et les narcotrafiquants dans le Nord sera facile parce que ce sera l'autorité centrale unifiée malienne et les riverains qui pourront coordonner leurs efforts pour venir à bout des subversifs et des trafiquants", a-t-il dit. Selon Ould Kablia, "le débordement éventuel de la guerre sur l'Algérie ne peut arriver", assurant que les frontières du pays sont "biens contrôlées (et) bien maîtrisées". Concernant la lutte contre le terrorisme en Algérie, il a estimé qu'il n'était pas nécessaire de dresser des bilans sur le nombre de terroristes neutralisés, éliminés ou arrêtés. M. Ould Kablia a indiqué que "malgré le nombre réduit de terroristes, l'activité et l'effort des services de sécurité, en particulier en ce qui concerne l'armée, sont toujours soutenus", ajoutant que "c'est toujours les grands moyens qui sont utilisés dans les régions sensibles que ce soit en Kabylie, dans la région de Jijel ou dans la partie ouest des Aurès". S'agissant du banditisme, le ministre a estimé que le code pénal devrait être "plus sévère", notamment vis-à-vis des récidivistes. "40% des faits délictueux sont l'œuvre de récidivistes", a-t-il relevé, notant, en outre, que les peines "ne sont pas lourdes" pour les contrebandiers. Interrogé, par ailleurs, sur le taux de participation des citoyens aux prochaines élections communales (APC) et de wilaya (APW), M. Ould Kablia a indiqué qu'"entre 40 et 45% de participation serait un sujet de satisfaction", ajoutant que "c'est la barre que l'on n'a jamais pu atteindre dans ce genre de scrutin". Sur une éventuelle fraude, le ministre a assuré que "la fraude est combattue officiellement et globalement" et qu'"il y aura de petits problèmes", mais l'essentiel réside dans le fait "que tout se jouera au niveau du dépouillement et de l'établissement des résultats". "Pour cela le maximum de garantie est là", a-t-il encore assuré. Répondant à une question sur la reconnaissance par le président français, François Hollande de la répression des manifestations d'Algériens le 17 octobre 1961 à Paris, il a indiqué que la reconnaissance des crimes commis à Paris par les autorités policières françaises est "un problème interne". "Si le président français y a fait allusion, c'est en quelque sorte pour laver la conscience de l'Etat français des crimes qu'il a commis sur son territoire", a-t-il dit. Au sujet de l'accord algéro-français de 1968 sur l'immigration, il a indiqué qu'"il n'y a plus de velléité de remettre en cause cet accord", mais mieux encore, a-t-il dit, la partie française à la volonté de le "conforter" et de le "dynamiser" en faveur des Algériens.