La veuve de l'historien Français Charles-Robert Ageron a fait don au Centre d'études diocésain d'Alger d'une partie importante du fonds documentaire de l'universitaire consacré au Maghreb, annonce le centre. Le fonds constitue le patrimoine archiviste collecté tout au long de la riche carrière de l'historien, un des plus importants spécialistes de l'histoire de l'Algérie contemporaine. Il est composé de dizaines d'ouvrages traitant de la sociologie, de la politique, de l'économie, etc. Suivant le vœu de l'historien, disparu en 2008, ces ouvrages sont mis à la disposition du centre, au profit de toutes les personnes désireuses de les consulter et de s'en servir comme outils pédagogiques, notamment les étudiants et les chercheurs. L'annonce de ce legs a été faite à l'occasion des journées d'études sur le parcours et l'héritage de l'historien émérite, qui n'a pas bénéficié de tout l'intérêt dû à la qualité de ses travaux et l'étendue de son savoir, ainsi que l'ont souligné les participants à cette rencontre. Né en 1923 à Lyon, Charles-Robert Ageron découvre l'Algérie lors de son service militaire en 1945. Jeune agrégé, il est nommé deux ans plus tard au lycée Gautier à Alger où il enseigne pendant dix ans, tout en militant pour une refonte profonde du système colonial. En 1968, il soutient sa thèse de doctorat portant sur "Les Algériens musulmans et la France", avant de publier des ouvrages de référence sur l'Algérie et la France coloniale. La rencontre avait, justement, l'objectif de revisiter l'œuvre de l'historien dans toute sa dimension, à commencer par son rapport aux archives et aux sources, pour mieux appréhender sa méthode et ses outils de travail, analyser, critiquer le contenu de son œuvre. Pour l'historien Daho Djerbal, cette rencontre est "un prétexte pour faire rencontrer les jeunes chercheurs d'Algérie et de France et encourager l'échange et la confrontation d'idées en matière de recherche sur l'histoire de l'Algérie contemporaine". Ainsi, au-delà de la personnalité et de l'œuvre d'Ageron, cette rencontre scientifique a permis d'aborder divers aspects de cette histoire, notamment la période coloniale. Intervenant lors d'une table ronde à la fin la rencontre, l'universitaire Omar Carlier a salué la dimension pédagogique du travail d'Ageron, avant de rendre hommage à la rigueur et l'éthique intellectuelles d'un historien qui pouvait "changer d'opinion sans rien céder des valeurs essentielles" qui ont fondé sa démarche de chercheur. L'historienne algérienne, Malika El-Korso se souvient, pour sa part, des qualités de rigueur et de précision scientifique, d'exigence et de perpétuelle remise en cause d'Ageron dont elle était l'élève et qui l'avait, également, marquée, dit-elle, par ses qualités humaines et sa modestie.