Le président Obama a nommé jeudi son chef de cabinet, M. Jacob Lew, au poste de secrétaire au Trésor (l'équivalent de ministre des Finances) en remplacement de Timothy Geithner, tandis que de rudes batailles sur l'assainissement des finances de l'Etat se profilent encore à court terme. Cette nouvelle nomination, qui sera soumise au Sénat, intervient après celles de John Kerry et de Chuck Hagel nommés, respectivement, aux postes de secrétaire d'Etat et de secrétaire à la Défense dans le gouvernement du second mandat du président Obama. Ni économiste, ni homme d'affaires comme la plupart des premiers argentiers des Etats-Unis, M. Lew a passé la majeure partie de sa carrière au sein du gouvernement dont directeur du budget de Bill Clinton, avec un détour à Wall Street où il avait exercé au sein de la banque Citigroup durant trois années avant de reprendre son poste de directeur du budget au début du premier mandat d'Obama qui le nomma, par la suite, chef de cabinet de la Maison-Blanche. Alors que Timothy Geithner avait pris les rênes du département du Trésor en pleine tourmente financière mondiale en 2009 et au moment où les Etats-Unis traversaient leur plus grave crise économique depuis 1929, son successeur sait qu'il n'aura aucun répit face, cette fois-ci, aux complexes problèmes du plafond de la dette et de l'impasse budgétaire laquelle n'a été que provisoirement résolue en décembre dernier. Agé de 57 ans et diplômé de Harvard College et de la faculté de droit de Georgetown, Jack Lew, connu pour son style discret, va donc jouer un rôle de premier plan dans les négociations avec le Congrès dont l'aval est incontournable pour relever le plafond de la dette qui avait atteint sa limite légale de 16.394 milliards de dollars au 31 décembre dernier. En attendant, le département du Trésor avait, d'ailleurs, mis en place des "mesures exceptionnelles" qui permettront de tenir jusqu'à la mi-février pour un montant de 200 milliards de dollars afin d'éviter un défaut de paiement de l'Etat fédéral. L'oeuvre ne sera pas de tout repos pour le futur secrétaire au Trésor qui devra faire preuve d'une grande habileté lors du prochain affrontement qui va, encore une fois, opposer les démocrates aux républicains sur la question de la gestion et de l'assainissement des finances publiques, de la fiscalité et du financement des programmes sociaux que le camp d'Obama entende protéger. En effet, l'accord conclu le 1er janvier en cours pour éviter le "précipice budgétaire" n'a pas permis de relever le plafond de la dette, et il arrivera à échéance au 1er mars prochain à l'issue de laquelle d'autres rudes négociations seront relancées. Selon l'ancien chef des conseillers économiques du président Obama, M. Austan Goolsbee, "Jack Lew est l'homme de la situation au moment où les questions budgétaires et fiscales sont devenues l'enjeu économique dominant à Washington". L'ayant déjà connu lors de précédentes négociations budgétaires lorsqu'il était directeur du budget à la Maison-Blanche, de nombreux républicains commencent, d'ores et déjà, à le critiquer le présentant comme quelqu'un qui n'excelle pas dans les compromis. Pour le président de la Chambre des représentants, le républicain John Boehner, "Lew veut davantage convaincre les républicains de la sagesse de sa position que de chercher un terrain d'entente." Outre l'assainissement des finances fédérales, le futur secrétaire au Trésor, qui a beaucoup moins d'expérience que M. Geithner dans l'économie internationale et les marchés financiers, est également appelé à relancer la croissance économique américaine qui peine à réduire solidement le chômage tournant autour des 7,8%, à mettre en place les règles permettant de mettre de l'ordre dans les marchés financiers, à aider l'économie européenne à sortir d'une crise financière qui la secoue depuis plus de deux ans, et à gérer les relations avec la Chine, l'Inde et d'autres puissances économiques émergentes.