L'ex-président de la Ligue de football professionnel (LFP), Mohamed Mecherara a affirmé que le football professionnel en Algérie n'est qu'un "bluff" et que "nous avons perdu deux ans pour rien". "Tout le monde a compris que finalement le professionnalisme (en Algérie), c'est du bluff, c'est du pipeau et que nous avons perdu deux ans pour rien" a estimé l'ancien patron de la LFP dans une interview parue jeudi dans le quotidien "Liberté". Mecherara a expliqué que la mise en place du professionnalisme en Algérie, n'a pas respecté les règles élémentaires de sa mise en place, relevant au passage de nombreuses incohérences et entorses à la loi et à la feuille de route qui a été élaborée et tracée au début par la Direction nationale de contrôle de gestion des clubs (DNCG), l'instance dont il avait la charge et qui était censée aider les clubs à s'organiser administrativement et financièrement dans la perspective de la mise en place du professionnalisme. "Il y avait une démarche à suivre qui est malheureusement tombée à l'eau. Aucun club n'a suivi notre plan. La loi de 2004 qui a été remplacée par celle de juillet 2013 étaient claires à ce sujet (...) les lois n'ont pas été respectées au sujet de la cession des clubs" a-t-il indiqué. L'ex-patron de la LFP a longuement expliqué les modalités de création de clubs professionnels qui sont dit-il une émanation du Club sportif amateur (CSA), précisant qu'au cas où une société achète un club amateur pour créer un club professionnel, elle doit payer le prix qu'il faut, en tenant compte des avoirs et du patrimoine immatériel du club. "C'est le club amateur qui crée le club professionnel (SSPA ndlr). Et si une entité ou tout autre société veut racheter un club de ligue 1 ou 2, il, est tout a fait naturel qu'elle paye le prix fort de ce patrimoine immatériel, en plus naturellement des avoirs du club. Un expert peut donc fixer la valeur commerciale du club qui diffère bien entendu d'un club à un autre, eu égard à l'histoire et la notoriété de chacun d'entre eux" Sonatrach est obligée de payer le CSA MCA Se basant sur un cas qui défraie actuellement l'actualité, celui du Mouloudia Club d'Alger, dont les responsables du Club sportif amateur (CSA) dénoncent "la non application" des obligations contractuelles de la Sonatrach qui avait racheté en janvier dernier la section football pour créer la société le Doyen MCA, Mecherara a été catégorique sur la question. "Si le MCA a été évalué à 75 milliards de centimes c'est le prix de vente du club et rien d'autre. Mais il faut aussi évaluer les dettes du club amateur. Si elles sont par exemple de l'ordre de 20 milliards de centimes, alors la valeur du club est le résultat de la soustraction entre la valeur fixée par le commissaire aux apports et le montant de la dette. Dans le cas du MCA, Sonatrach aurait dû payer 55 milliards de centimes, C'est la voie commerciale à suivre", a-t-il expliqué. Tout en précisant qu'il a pris l'exemple du MCA à titre illustratif, et qu'il n'a pas connaissance de toutes les modalités de la transaction, Mecherara a indiqué que sur le plan commercial, Sonatrach "est obligée de payer la dette puisqu'elle est censée être déjà défalquée du prix de vente (...) et que le CSA qui a contribué à la création de la SSPA le Doyen, devrait toucher en retour un chèque équivalent au montant du prix de rachat tel qu'évalué par le commissaire aux apports". Mecherara a affirmé "qu'il y a une entorse à la réglementation et que si le club sportif amateur du MCA poursuit en justice Sonatrach, il ne peut logiquement qu'avoir gain de cause car la loi est claire en ce qui concerne la démarche à suivre dans le rachat d'un club". Se référant enfin au décret portant instauration du professionnalisme, l'ex président de la LFP a indiqué qu'il est fait obligation aux deux parties de signer une convention où le CSA précise qu'il cède l'exploitation du sigle et des couleurs du club en contrepartie d'une indemnité financière. "Cette convention doit être exigée par la FAF et le MJS mais visiblement personne ne s'en inquiète", déplore Mecherara précisant que ce n'est pas seulement le MCA qui est dans cette situation mais tous les autres clubs amateurs. "S'il y avait une autorité de régulation du professionnalisme mise en place par les pouvoirs publics, il n'y aurait pas eu tous ces problèmes aberrants", regrette-t-il.