Le mouvement de grève qui concerne certains établissements d'enseignement secondaire et technique aura un impact "négatif" sur les élèves, ont estimé lundi des pédagogues. "L'impact de cette nouvelle action ne peut être que négatif et néfaste sur l'élève, c'est l'évidence même", a affirmé, dans une déclaration à l'APS, le pédagogue Ahmed Tessa qui a estimé qu"'il est difficile de rattraper le retard même d'une seule journée". "Il y a toute une atmosphère pédagogique négative qui est suscitée par cette grève, à laquelle s'ajoute la peur des parents vécue par les élèves, la peur du retard,... etc. L'école n'est pas une usine, si l'on peut rattraper le retard dans une usine de tomates en conserves par exemple en produisant un maximum de boites, ce n'est pas le cas avec les élèves. Les élèves sont des êtres fragiles qui ont besoin d'être sécurisés", a ajouté M. Tessa. Estimant que les syndicalistes ayant appelé à nouveau à la grève "n'ont pas tenu compte de l'intérêt des élèves", ce pédagogue a estimé que ceux qui ont appelé à un débrayage dans le secteur de l'éducation s'adonnent à ce qu'ils qualifient de "course à l'audimat syndical". M. Tessa a fait observer, par ailleurs, que les élèves qui sont "pénalisés" par ce nouvel épisode de débrayage peuvent ressentir de la "frustration" en constatant que leurs camardes d'autres établissements suivent "normalement" leurs cours. Les élèves des établissements ayant suivi le mot d'ordre des syndicalistes sont ainsi dans une "double frustration", celle de devoir arrêter leurs cours d'une part et celle de se savoir en retard par rapport à leurs camardes d'autre part, a-t-il expliqué, ajoutant que cette situation est de nature à "décourager les plus coriaces" d'entre les élèves. "Ils étaient sur une trajectoire et s'apprêtaient à aborder avec enthousiasme le deuxième semestre et voilà qu'ils doivent interrompre à nouveau leurs cours", a-t-il déploré. "Tous les ingrédients sont réunis" pour l'échec et ce, à quelques mois seulement des examens de fin d'année, a souligné M. Tessa. Les enseignants ont "mal choisi leur moment" pour faire grève, a affirmé, pour sa part, le pédagogue en retraite, Mouhoub Harrouche qui a estimé que si "l'administration doit prendre en charge les doléances" des grévistes et tenir "ses promesses", ces derniers n'en ont pas moins la responsabilité de ne pas "hypothéquer" l'avenir des élèves. Le rattrapage des cours est "anti-pédagogique" "Il faut que les enseignants réfléchissent à deux fois avant de décider de recourir à ce genre d'actions et de suivre le mot d'ordre des grévistes. Les examens de fin d'année approchent et pédagogiquement, il est impossible de rattraper un cours raté, c'est même anti-pédagogique", a ajouté M. Harrouche dans une déclaration à l'APS. Considérant que les cours supplémentaires programmés pour rattraper le retard accumulé à la suite de l'arrêt des cours comme une mesure de "bourrage" des élèves, il a souligné que ces derniers sont "déjà suffisamment surmenés" en raison du volume horaire et de la charge des programmes dispensés. "Ces cours supplémentaires ne feront qu'accentuer leur stress et il est souvent difficile de reprendre les cours après un arrêt de quelques jours. C'est le cas y compris pour les enseignants qui, une fois habitués à la grève, reprennent péniblement leurs classes", a-t-il expliqué. M. Harrouche s'est dit "convaincu" que ces débrayes cycliques ont un "impact néfaste" sur la qualité de l'enseignement dispensé aux élèves grévistes, dès lors que pour rattraper le retard, le ministère de tutelle décide souvent de rendre plus faciles les sujets des examens de Baccalauréat et de Brevet d'enseignement fondamental (BEF), a-t-il déploré. Pour M. Harrouche, ce sont les enseignants qui dispensent des cours particuliers qui "profitent" des mouvements cycliques de grèves et qui voient leurs "affaires" fructifier étant donné que beaucoup de parents d'élèves se rabattent sur le privé pour limiter les effets de ces débrayages. L'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (UNPEF) et le Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (SNAPEST) ont entamé samedi une grève de deux jours.