L'avant-première d'une enquête sur l'identification des disparus sahraouis dont les ossements ont été découverts, en février 2013, dans une fosse commune dans la région d'Amgala en territoires sahraouis libérés a été diffusée mercredi au siège de l'ENTV. D'une durée de 52 mn, l'enquête intitulée "Trône bâti sur les crânes... le peuple du Sahara Occidental aux enchères", est réalisée par le journaliste Ammar Bendjedda sur l'identification des disparus sahraouis dont les ossements ont été découverts, fin février 2013, par un berger appelé Abderrahmane Abid Bey. Au début de l'année 2013, une fosse a été découverte et où étaient tassés des ossements d'au moins 60 personnes dont des enfants. L'identification de neuf d'entre eux a permis d'attester qu'il s'agissait de civils sahraouis tués par les forces marocaines lors de l'invasion et l'occupation du Sahara Occidental en 1976. Sur la base de témoignages de membres des familles des disparus et le seul survivant de l'extermination dont ils ont été victimes, le dénommé Ab Ali Saïd Daf, âgé alors de 14 ans, l'enquête retrace les étapes de l'opération d'identification des ossements à commencer par la découverte, l'expertise des preuves apportées par les témoins et des documents retrouvés sur les lieux jusqu'aux expertises anthropologique et génétique. Le reporter Ammar Bendjedda qui a axé son travail sur le thème des droits de l'homme et l'importance de la protection des Sahraouis des pratiques "inhumaines" qu'ils subissent, a affirmé que pour établir l'identité des ossements, une équipe internationale spécialisée à la compétence avérée a été sollicitée. Celle-ci avait déjà découvert d'autres fosses communes de par le monde. Il a précisé que la fosse d'Amgala vient, de nouveau, mettre à nu les pratiques du Maroc à l'encontre des Sahraouis, rappelant les multiples appels lancés par des pays et organisations internationales pour se pencher sur la question des droits de l'homme au Sahara Occidental y compris le dossier des disparus dont le sort reste inconnu, selon les responsables sahraouis. Il a indiqué que la réalisation de l'enquête "était extrêmement difficile vu le black-out médiatique international qui entoure la question sahraouie et le puissant lobby marocain qui tente, par tous les moyens, de réduire au silence les Sahraouis". Selon Ammar Bendjedda, le groupe de travail espagnol qui a pris en charge l'opération d'identification des disparus par des moyens scientifiques à l'université du pays basque (Espagne) est parvenu à établir, dans le rapport final, que neuf personnes dont deux enfants ont été tuées par balles et enterrées de façon superficielle dans la région de "Fedra Lagouira" à Smara près d'Amgala. Le rapport révèle, selon l'avant-première de l'enquête, que l'analyse des preuves des témoins et des documents retrouvés dans la fosse commune ainsi que l'expertise légiste anthropologique et génétique "est tout à fait conforme aux résultats obtenus". L'enquête présente également des témoignages de médecins légistes et de techniciens et archéologues qui ont contribué à l'opération de retrait des autres victimes outre les témoignages de familles des disparus qui revendiquent depuis 1976, aux autorités marocaines de révéler l'endroit où se trouvent leurs proches, selon l'enquête. D'autre part, le travail journalistique de Bendjedda présente l'enterrement des ossements des disparus en présence de leurs familles et des autorités sahraouies ainsi que les représentants de la mission pour l'organisation d'un référendum au Sahara Occidental (MINURSO). Durant 38 ans d'occupation marocaine du Sahara Occidental, 4 500 cas de disparition forcée dont 550 disparus au sort inconnu, 30 000 détentions arbitraires et plus de 30 000 cas de torture dont 55% pratiquée sur des femmes et des enfants ont été enregistrés, a déclaré le président de l'association des parents des détenus et disparus sahraouis, Omar Abdesslam, à la fin de l'année écoulée.