Les autorités tunisiennes poursuivaient lundi les concertations avec leurs partenaires européens visant à élaborer un plan pour lutter efficacement contre le terrorisme et contrer l'extrémisme, après les récents attentats qui ont secoué la Tunisie. Dans le cadre de ces efforts, le chef du gouvernement tunisien, Habib Essid, est attendu lundi à Bruxelles, pour participer à une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne (UE), consacrée à la sécurité et la lutte contre le terrorisme. Cette visite s'inscrit dans le cadre de la poursuite des concertations entamées avec l'UE, la semaine dernière à Tunis, lors de la visite du Coordinateur européen de lutte antiterroriste, selon le chargé de l'Information à la Présidence du gouvernement, Dhafer Néji, cité par l'agence de presse tunisienne (TAP). La visite comporte deux volets qui traitent de la lutte contre le terrorisme et de la coopération économique, a-t-il précisé. M. Essid aura des entretiens avec le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, le Haut représentant de l'UE pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Federica Moghreni, et le Coordinateur européen pour la lutte contre le terrorisme, Gilles de Kerchove, a-t-on indiqué. Des rencontres sont, également, prévues avec les ministres des Affaires étrangères des Etats membres du Conseil de l'Europe, dont notamment les chefs de la diplomatie allemande, française et britannique. Selon le Conseil européen, les ministres des Affaires étrangères débattront des "moyens d'accroître la contribution de l'UE à la sécurité et au développement économique en Tunisie" suite aux attentats de Sousse (26 juin 2015) et du Musée du Bardo (18 mars 2015). L'UE avait fermement condamné ces attentats et exprimé sa détermination à intensifier la coopération avec la Tunisie "pour contrer cette menace terroriste commune" afin de renforcer "la démocratie pleine de promesses du pays et contribuer à son développement socioéconomique". La Tunisie et l'UE, qui ont célébré le 17 juillet dernier le 20ème anniversaire de l'Accord d'Association (signé en 1995), avaient entamé cette année des concertations pour l'élaboration d'un plan d'actions de lutte contre le terrorisme. De son côté, le président de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), Mohamed Ennaceur, est attendu lundi à Londres pour "expliquer la réalité de la situation en Tunisie dans les domaines de la sécurité et du tourisme" suite à l'attaque terroriste perpétrée contre un hôtel à Sousse visant en majorité des touristes britanniques, selon Hassen Fathalli, porte-parole du président de l'ARP. Mohamed Ennaceur sera accompagné d'une délégation composée des présidents de groupe parlementaire de Nidaa Tounes, Ennahdha, Union patriotique libre, Front populaire, Afek Tounes et le groupe social-démocrate. Le président de l'ARP sera, également, accompagné des ministres du transport et du tourisme, ainsi que de la député Zohra Driss, directrice de l'hôtel où l'attaque terroriste avait eu lieu, le 26 juin 2015, faisant 39 victimes dont 30 touristes britanniques. Les membres de la délégation s'entretiendront avec le président de la commission des affaires intérieures à la chambre des communes, puis avec le président de la chambre, John Bercow. Ils auront des rencontres, respectivement, avec le groupe d'amitié parlementaire Royaume-Uni-Tunisie et les familles des victimes de l'attentat de Sousse. Une conférence de presse se tiendra au terme de la visite de la délégation. Lutte continue, sur le terrain, contre le terrorisme Déterminées à lutter contre le terrorisme, les autorités tunisiennes ont récemment arrêté 127 personnes soupçonnées d'appartenir à des groupes armés depuis l'attentat de Sousse, selon Kamel Jendoubi, ministre tunisien chargé de la société civile. M. Jendoubi avait auparavant annoncé l'arrestation de huit personnes en lien direct avec l'attaque sanglante le 26 juin contre un hôtel en bord de mer à Port El Kantaoui, près de Sousse. Huit jours après, l'état d'urgence a été décrété sur tout le territoire tunisien pour 30 jours. M. Jendoubi a assuré que "plus de 100.000 agents de police, des gardes nationaux et des agents de la protection civile en plus des forces de l'armée nationale" étaient déployés, alors que quelque 3.000 agents de sécurité ont été affectés à la protection des plages, des hôtels et des sites archéologiques. Ces forces de sécurité ont été déployées alors que des experts de l'ONU avaient appelé à endiguer le flux de jeunes Tunisiens ralliant le groupe autoproclamé Etat islamique (EI/Daech), estimant que leur nombre, notamment en Syrie et en Libye, dépassait les 5.500. Le Premier ministre Habib Essid avait alors affirmé que 15.000 jeunes Tunisiens avaient été empêchés de rejoindre le groupe Daech dans des zones de conflit. La Tunisie fait face depuis sa révolution en janvier 2011 à une progression de la mouvance terroriste, responsable de la mort de dizaines de policiers et de militaires ainsi que de deux attentats qui ont tué 59 touristes en l'espace de trois mois.