Les Nations unies ont indiqué mercredi qu'"environ 80%" des personnes qui s'étaient déplacées suite à des violences survenues récemment entre des milices bantoues à des pygmées dans le sud-est de la République démocratique du Congo (RDC) sont retournées dans leur village. "On assiste à un mouvement de retour des déplacés dans leurs villages d'origine" dans le nord de la province du Katanga (sud-est), a déclaré la coordonnatrice du groupe de communication de l'ONU en RDC, Florence Marchal, lors d'une conférence de presse à Kinshasa. A la mi-juillet, "une mission (...) a été réalisée dans le territoire de Nyunzu et on a pu constater que plus de 15.000 personnes étaient rentrées dans leurs villages d'origine. Ces personnes constituent environ 80% du nombre de personnes qui y habitaient avant la crise", a-t-elle expliqué. Elle a précisé que le retour des déplacés "se déroule dans des conditions extrêmement difficiles, dans un contexte d'extrême vulnérabilité, parce que la quasi-totalité des villages et des maisons ont été brûlés, les moyens de subsistance, les champs, ont été pillés, brûlés et détruits". Le 30 avril, des combattants bantous de l'ethnie luba ont attaqué un camp de personnes déplacées essentiellement pygmées du sous-groupe batwa près de la localité de Nyunzu, dans la province du Katanga. Les Luba ont "tué au moins 30 hommes, femmes et enfants appartenant à la communauté marginalisée Batwa (...) à coups de machette, de flèches et de hache", affirmait mardi un rapport de Human Rights Watch (HRW) appelant les autorités congolaises à protéger "de toute urgence" les civils de toutes les communautés. Les Pygmées sont un peuple de chasseurs-cueilleurs présents en RDC, ainsi qu'en Centrafrique, au Congo, au Cameroun ou encore au Gabon. Au Katanga, et plus largement en RDC, leur mode de vie est menacé par la déforestation, l'exploitation des mines et l'extension des terres agricoles par les Bantous. Longtemps marginalisés, méprisés et exploités, les Pygmées de RDC cherchent à faire reconnaître leur droits mais leurs revendications se heurtent au refus des populations bantoues. Depuis 2013, un conflit oppose l'ethnie bantoue luba, majoritaire, à celle des Pygmées du sous-groupe batwa dans le Nord du Katanga. Les affrontements entre milices des deux groupes rivaux, dotées essentiellement d'armes traditionnelles (arcs et flèches, machettes), ou les attaques de civils par des combattants, se soldent souvent par des tueries, des pillages ou des incendies de villages. Pour HRW, "les problèmes sous-jacents à la violence ne seront pas résolus tant que les droits fondamentaux des Batwas, longtemps opprimés, ne seront pas respectés".