Le directeur général de l'Algérienne des eaux (ADE), Merrah Zidane, a estimé dimanche à Alger qu'il était nécessaire de réajuster le tarif actuel de l'eau pour préserver cette ressource dont la mobilisation coûte cher à l'Etat. Soulignant que ce réajustement relevait des pouvoirs publics, M. Zidane a estimé qu'un réajustement tarifaire de l'eau était la seule solution, dans un premier temps, pour préserver cette ressource qui fait l'objet de gaspillage. "Il y a un énorme gaspillage de l'eau", a-t-il regretté en s'exprimant au cours d'un atelier sur le service public de l'eau tenu lors de la réunion des cadres du secteur des Ressources en eau et de l'environnement. Selon lui, seulement 42% du volume d'eau potable produit actuellement est facturé, le reste (58%) est réparti en 30% sous forme de pertes dans les réseaux d'alimentation et le vol à travers des branchements illicites. Le coût de production d'un mètre cube d'eau est estimé entre 60 et 80 DA, alors que l'Etat le cède au consommateur à 18 DA seulement. Selon les chiffres avancés par M. Zidane, pour assurer un service public de l'eau, l'Etat subit des pertes énormes. Citant l'exemple de l'assainissement, le mètre cube d'eau épurée coûte 80DA, le transfert d'un m3 d'In Salah-Tamanrasset 70DA et celui produit par le dessalement d'eau de mer 80DA. Ces coûts devraient augmenter avec l'augmentation du prix de l'énergie de 20% et celui du gasoil de 40%. Ce responsable a averti quant à la nécessité de "placer l'eau comme priorité nationale" étant donné les potentialités hydriques limitées du pays. "Aujourd'hui, nous avons 17 milliards de m3, encore faut-il que le dérèglement climatique ne viendrait pas dérégler le cycle de l'eau. Dans un siècle nous aurons 17 milliards m3, alors que les besoins en eau potable, en irrigation et en industrie vont augmenter", a-t-il dit. A terme, la seule la solution de substitution à cette raréfaction de la ressource est le dessalement d'eau de mer. "Donc, il faut penser à une tarification graduelle de l'eau", a-t-il recommandé. "Nous avons gagné une bataille, mais nous n'avons pas gagné la guerre de l'eau", a-t-il ajouté en référence aux efforts consentis par l'Etat durant ces 15 dernières années pour mettre le pays à l'abri du stress hydrique. Dans le seul secteur agricole, le programme quinquennal de réalisation d'un million d'hectares irrigués d'ici 2019 aurait besoin de 11 à 12,7 milliards m3 en année humide (pluvieuse), alors qu'en année sèche, un appoint de 3,3 milliards m3 serait nécessaire.