Photo : S. Zoheir Par Samira Imadalou «Nous avons fait en quatre ans ce que les Espagnols ont fait en trente ans.» Cette déclaration, émanant d'un représentant d'Algerian Energy Company (AEC), montre que l'Algérie a franchi de grands pas ces dernières années en matière de dessalement de l'eau de mer. Une procédure considérée comme la solution idoine face à la raréfaction des ressources en eau conventionnelles. En effet, devant la pénurie d'eau douce liée souvent au gaspillage moderne comme au réchauffement climatique, deux procédés de production d'eau potable sont entrés en compétition : le traitement des eaux usées et le dessalement de l'eau de mer. Si l'Algérie a opté pour le traitement des eaux usées pour l'irrigation des terres agricoles, elle a choisi de recourir au dessalement de l'eau de mer pour les besoins domestiques. Des besoins de plus en plus importants en raison, notamment, de la croissance démographique. En optant pour le dessalement de l'eau de mer, l'Algérie a donc pris le même chemin que ses voisins de la Méditerranée et des pays du Golfe qui ont investi dans ce domaine les dernières décennies. En effet, le dessalement de l'eau de mer a connu un essor très rapide à travers le monde. Plus de 1 500 unités ont été installées à travers le monde, et le marché est en expansion. L'Algérie a entamé cette course par le biais de Sonatrach et de Sonelgaz qui se sont fortement impliquées dans ces projets à travers la société AEC. En faisant appel à des partenaires étrangers, qui ont acquis une grande expérience dans ce domaine, l'AEC prévoit de construire au total plus de 13 stations de dessalement de l'eau mer tout le long des régions côtières, des stations auxquelles s'ajouteront de petites unités d'une capacité de 5 000 m3/jour, et qui seront réalisées par l'Algérienne des eaux (ADE). L'Algérie pourrait même être appelée à se classer derrière l'Arabie saoudite, qui arrive, aujourd'hui, en tête avec 24% de la capacité mondiale, les Emirats arabes et les Etats-Unis, selon des rapports internationaux. Pour les années à venir, la plus forte croissance viendra des bords de la Méditerranée ! En plus de l'Algérie, Israël et la Libye veulent également doubler leur capacité d'ici à 2015. Pour notre pays, l'objectif des autorités à travers la multiplication de ces stations de dessalement de l'eau de mer est d'atteindre plus de 2 millions de litres d'eau supplémentaires par jour, soit 825 millions de m3/an. Cette quantité représentera, faut-il le noter, près du tiers des capacités de retenue des barrages qui existaient jusqu'en 2000. Elle sera destinée uniquement à l'usage domestique. Pourquoi domestique ? Parce que l'eau dessalée est coûteuse et ne peut être destinée à l'industrie. Le procédé qui permet de transformer l'eau de mer en eau douce est très gourmand en énergie. Mais pour le consommateur, le gouvernement s'est engagé à assurer le même prix appliqué pour les barrages en subventionnant la partie supplémentaire. Mais jusqu'à quand ? Sonelgaz réclame, elle, une augmentation des tarifs de l'énergie. Si le coût du mètre cube d'eau dessalée avoisine aujourd'hui les 48 DA (contre 29 DA pour l'eau provenant des barrages), il risque d'augmenter à moyen terme. Même le ministre des Ressources en eau, Abdlemalek Sellal, l'a souligné dans l'une de ses sorties médiatiques : «Si plus tard le prix de l'énergie vient à augmenter d'une manière assez conséquente, il y aura une petite augmentation.» C'est à ce niveau que le problème pourrait se poser.