La nationalisation des hydrocarbures a permis à l'Algérie de récupérer ses prérogatives sur ses réserves et capacités de production et de jouer un rôle important sur la scène pétrolière mondiale, affirme à l'APS l'expert des questions pétrolières, Abdelmadjid Attar. "Le premier objectif de la nationalisation des hydrocarbures, annoncée le 24 février 1971, était la récupération de la souveraineté nationale sur les réserves et les capacités de production du pays", rappelle-t-il. Cette décision, explique-t-il, a aussi permis à l'Algérie de jouer un rôle important sur la scène pétrolière mondiale, et surtout de développer ses ressources gazières qui étaient très peu exploitées avec une faible exportation, précisant que grâce à cette nationalisation, le pays "a pu mettre en oeuvre un important programme d'industrialisation". Pour cet ancien P-dg de Sonatrach, l'Algérie a réussi plusieurs actions "primordiales" à la faveur de cette décision. Il s'agit, en premier lieu, du développement des activités de Sonatrach en amont et en aval, notamment celles liées à la liquéfaction du gaz naturel, ainsi que le renforcement des capacités et des compétences managériales et humaines de Sonatrach qui a été "élevée au rang de la plus importante compagnie pétrolière et gazière en Afrique, et au 10ème rang à l'échelle mondiale". Cet élan, selon lui, a permis de créer de nouvelles sociétés de services pétroliers qui ont joué un rôle important dans le développement du secteur des hydrocarbures. =Une adaptation permanente de la législation face aux mutations= De même, l'exercice de la souveraineté nationale sur les ressources en hydrocarbures et le domaine minier national a permis à l'Algérie de faire face aux différentes crises pétrolières entraînant la baisse des recettes d'exportation et de lancer dès 1980, puis en 1986, une adaptation de la réglementation pétrolière pour développer le partenariat dans le secteur amont afin de renouveler ses réserves, relève-t-il. A ce propos, il soutient que le résultat de cette démarche a été "particulièrement positif" durant les années 1990 puisque l'adaptation du cadre réglementaire des activités d'exploration et d'exploitation des hydrocarbures a permis, malgré la situation intérieure difficile, de revenir au même niveau de réserves qu'en 1971. En outre, l'augmentation des réserves et des capacités de production, accompagnée par la hausse du prix du baril au cours des années 2000, ont contribué à maintenir et augmenter les recettes pétrolières. D'ailleurs, cette remarquable hausse des niveaux de production et de revenus des exportation a permis à l'Algérie "de faire face à une demande intérieure énergétique et sociale importante que l'économie du pays ne pouvait plus soutenir du fait d'une désindustrialisation malheureuse dans les autres secteurs et, par conséquent, de l'absence de nouvelles richesses à même de remplacer la rente pétrolière", fait valoir M. Attar. Il prévient, toutefois, que l'Algérie est confrontée à d'énormes défis qui sont "difficiles à relever" en raison notamment de la baisse des recettes d'exportation provenant des hydrocarbures, des besoins croissants en matière d'énergie et de la forte pression des besoins sociaux. =Rude compétition sur les marchés pétroliers et gaziers= En outre, l'Algérie doit également faire face à une situation extérieure marquée par la récession économique qui affecte plusieurs pays et des mutations profondes "qui vont probablement aboutir à un nouvel ordre mondial énergétique et financier d'ici 2020, dans lequel la possession de réserves en hydrocarbures ne suffira plus", avise-t-il. En parallèle, le retard enregistré en matière de diversification de l'économie du pays "ne va pas être facile à rattraper dans une conjoncture pareille, et nécessite, par conséquent, des réformes politiques, économiques et sociales profondes", préconise cet expert. Soulignant que les hydrocarbures ne sont pas la solution à cette situation, mais seulement une partie de la solution, il identifie quatre actions pour relever ces défis. D'abord, l'Algérie doit baser sa stratégie sur la sécurité et l'indépendance énergétique au delà de 2030, ce qui nécessite la mise en oeuvre d'un nouveau modèle de consommation énergétique axé progressivement sur un mix gaz naturel-énergies renouvelables, en plus de la mise en oeuvre de programmes d'économie d'énergie, détaille-t-il. A cet effet, il estime que de nombreux chantiers réglementaires et tarifaires sont à ouvrir dans ce domaine car il faudra dégager les financements nécessaires qui ne peuvent provenir que de l'Etat, du consommateur ou de l'endettement. Il suggère également la mise en oeuvre d'une politique de gestion et de conservation rigoureuse des réserves en hydrocarbures, surtout pour le gaz naturel "qui sera bientôt beaucoup plus important et vital pour l'avenir du pays". "Cela nécessite la poursuite des investissements en amont pour renouveler ou, du moins, améliorer l'exploitation des gisements et des taux de récupération", poursuit-il . Sur le plan régional et international, il met l'accent sur la nécessité de se préparer à affronter "une rude compétition sur les marchés pétroliers et gaziers".