Un Accord de trêve en Syrie, entrant en vigueur dès lundi, a été conclu tard vendredi, suscitant un grand soupir de la part de la communauté internationale qui y voit une occasion pour rétablir la cessation des hostilités dans le pays déchiré par un conflit qui perdure depuis 2011. Les chefs de la diplomatie américaine John Kerry et russe Sergueï Lavrov ont annoncé tard vendredi un plan pour une trêve dès la fin du week-end en Syrie, coopération militaire des deux pays à la clé, après une journée marathon de négociations à Genève. Le début de la trêve coïncidera avec l'Aïd el-Adha dans la nuit de dimanche à lundi, a précisé M. Kerry, qui s'exprimait aux côtés de son homologue russe Sergueï Lavrov dans la ville suisse. "Les Etats-Unis et la Russie annoncent un plan qui, nous l'espérons, permettra de réduire la violence" et d'ouvrir la voie "à une paix négociée et à une transition politique en Syrie", a déclaré M. Kerry. Le plan russo-américain "permet de mettre en place une coordination efficace pour lutter contre le terrorisme, avant tout à Alep, et permet de renforcer le cessez-le-feu. Tout cela crée les conditions pour un retour au processus politique", a détaillé M. Lavrov. Si cette trêve dure "une semaine", les forces américaines accepteront de collaborer en Syrie avec l'armée russe, a indiqué M. Kerry. Cette coopération était réclamée de longue date par Moscou, alors que les Etats-Unis et la Russie soutiennent des camps opposés dans ce conflit qui a fait plus de 290.000 morts depuis 2011. "Les Etats-Unis acceptent de faire un pas supplémentaire car nous pensons que la Russie et mon collègue (Sergueï Lavrov, ndlr) ont la capacité de faire pression sur le régime (du président syrien) Asad pour mettre fin à ce conflit et venir à la table des négociations", a précisé le chef de la diplomatie américaine. M. Lavrov a toutefois reconnu qu'il n'était pas en mesure de garantir "à 100%" la réussite de ce nouveau plan, alors qu'une précédente initiative russo-américaine, approuvée par les Nations unies en février, avait fait long feu. M. Lavrov a annoncé la création d'un "centre conjoint" russo-américain destiné à coordonner ces frappes, "dans lequel des militaires et des représentants des services secrets russes et américains s'occuperont des questions pratiques: distinguer les terroristes de l'opposition modérée et différencier l'opposition modérée des terroristes". -La communauté internationale salue l'accord de trêve, les Syriens aussi- Damas a approuvé l'accord de trêve russo-américain qui doit entrer en vigueur lundi entre gouvernement et rebelles, selon l'agence officielle Sana, citant des "sources informées". "Le gouvernement syrien a approuvé l'accord russo-américain (...) dont l'un des objectifs est de parvenir à une solution politique à la crise en Syrie", a indiqué l'agence, précisant qu'il "y aura une cessation des hostilités dans la ville d'Alep pour des raisons humanitaires". L'opposition syrienne a quant à elle espéré que cette trêve mettra fin au conflit qui ravage la Syrie depuis cinq ans, selon un communiqué. "Nous saluons cet accord s'il venait à être appliqué", a indiqué Bassma Kodmani, membre du Haut comité des négociations (HCN), qui rassemble les principaux représentants de l'opposition syrienne. Elle a exprimé l'espoir qu'il sera "le début de la fin du supplice des civils". De son coté, le ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson a estimé que cette trêve permettra de "rétablir la cessation des hostilités et l'accès des aides humanitaires en Syrie", a souligné le communiqué du Foreign Office. Il a appelé "toutes les parties au conflit en Syrie et tous les pays qui ont une influence sur eux", notamment, la Russie, à faire ce qui est nécessaire pour mettre fin à la violence qui dure depuis 2011. M. Johnson a exprimé son souhait de voir ce plan aboutir à un "processus politique crédible sur la base du Communiqué de Genève", et permettre à la Syrie et au peuple syrien, "un avenir de paix". Pour rappel, le Haut Comité des négociations de l'opposition syrienne, s'était réuni mercredi dernier à Londres, et a présenté son propre "plan de transition politique" pour la Syrie. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, a pour sa part indiqué dans un communiqué qu' "Il est désormais crucial que cet accord soit pleinement mis en œuvre et respecté", en particulier par le gouvernement "et ses soutiens". Pour Jean-Marc Ayrault, l'accord russo-américain n'ouvrira "la voie à un règlement politique" que sous condition: "Les bombardements aériens et les attaques contre les civils doivent cesser, l'accès humanitaire doit être assuré au bénéfice de toutes les populations assiégées." Alep, la grande ville du nord, connaît une situation humanitaire effroyable. Les quartiers Est de la ville et principal front du conflit, contrôlés par les rebelles, sont assiégés pour la deuxième fois en deux mois. De même, la Turquie a accueilli "avec satisfaction" l'accord sur "une trêve en Syrie", qui permettra d'"acheminer plus facilement une aide humanitaire". Le président turc Recep Tayyip Erdogan "a suivi de près" les négociations pour la mise en place d'un cessez-le-feu, rappelle-t-on à Ankara. M. Erdogan avait révélé mercredi s'être entretenu à ce sujet avec le président américain Barack Obama en marge du G20 en Chine. La Turquie compte poursuivre ses efforts pour qu'"à Alep comme dans toutes les régions de Syrie, les gens aient moins de problèmes, vivent dans une paix durable, sans affrontement", et espère qu'"une solution politique au conflit" sera trouvée, selon un communiqué. Ankara a entamé "les préparatifs pour qu'une aide humanitaire soit acheminée à Alep" - grande ville du nord de la Syrie où la situation humanitaire est effroyable-, a ajouté le ministère turc des Affaires étrangères. En plus de cinq ans, le conflit syrien a fait plus de 290.000 morts et poussé à l'exode des millions de personnes, selon des estimations.