Après le rapport d'Amnesty impliquant clairement les autorités birmanes notamment l'armée dans les violences perpétrées contre les Rohingyas, la communauté internationale continue d'exprimé son indignation face à ce quelle qualifie de "nettoyage et épuration ethnique" multipliant les appels pour mettre fin à ce drame contre la minorité musulmane dans ce pays. "Nettoyage ethnique contre les Rohingyas", "épuration ethnique" et '"apartheid dans une prison à ciel ouvert", tels sont les propos évoqués par plusieurs pays et organisations internationales pour qualifier la violence inouïe qui a poussé plus de 600.000 membres de cette minorité musulmane à quitter leur pays vers le voisin le Bangladesh. -Washington exige le "respect les droits de l'Homme" et réclame la condamnation des coupables- Après l'ONU, les Etats-Unis ont aussi évoqué ouvertement la responsabilité de l'armée birmane en dénonçant un "nettoyage ethnique contre les Rohingyas de la Birmanie . "Après une analyse attentive et approfondie des faits disponibles, il est clair que la situation dans le nord de l'Etat Rakhine constitue un nettoyage ethnique contre les Rohingyas", a ainsi déclaré mercredi Rex Tillerson. "Les responsables de ces atrocités doivent rendre des comptes", a déclaré le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson, qui a rencontré mi-novembre en Birmanie le chef de l'armée Min Aung Hlaing et la dirigeante du gouvernement civil Aung San Suu Kyi. Dans un communiqué, il a explicitement accusé "certains au sein de l'armée et des forces de sécurité birmanes", et n'a pas exclu des "sanctions ciblées". Une responsable du département d'Etat a confirmé que de telles mesures punitives étaient à l'étude contre "des personnes responsables d'actes de violences spécifiques", tout en confirmant que les Etats-Unis écartaient à ce stade l'idée de "sanctions économiques globales" contre le pays. Selon le chef de la diplomatie américaine, "la réponse de la Birmanie à cette crise est cruciale pour réussir sa transition vers une société plus démocratique". Il a demandé à l'armée mais aussi au gouvernement de "respecter les droits de l'Homme" et "faire rendre des comptes à ceux qui ne le font pas". Rex Tillerson a également salué les "récents échanges entre les gouvernements de Birmanie et du Bangladesh" en vue du rapatriement des réfugiés rohingyas. Plus de 600.000 Rohingyas ont fui en trois mois au Bangladesh voisin, dont la moitié sont des enfants, et ont témoigné d'exactions, viols ou meurtres de la part des soldats birmans, accusés de vouloir vider la région des musulmans. Cette minorité musulmane, dans un pays très majoritairement bouddhiste, est prise "au piège d'un système de discrimination cautionnée par l'Etat, institutionnalisée, qui s'apparente à de l'apartheid", écrit l'ONG. Deux années d'enquête de l'organisation montrent que "les autorités restreignent quasiment tous les aspects de la vie des Rohingyas et les confinent à une vie de ghetto". Les Rohingyas sont la plus grande population apatride du monde depuis que la nationalité birmane leur a été retirée en 1982, sous le régime militaire. Ils sont isolés du monde extérieur et la répression s'est accentuée depuis 2012, année durant laquelle des violences intercommunautaires ont fait plus de 200 morts, surtout des musulmans. Le droit des Rohingyas de circuler librement est fortement restreint. Une règlementation précise clairement que les "étrangers" et les "personnes de race Bengali", terme péjoratif désignant les Rohingyas, ont besoin de permis spéciaux pour se rendre d'une localité à l'autre. Depuis 2012, dans de vastes zones de la région, les enfants rohingyas n'ont plus le droit d'être scolarisés dans les écoles gouvernementales auparavant mixtes et les enseignants du gouvernement refusent souvent de se rendre dans les zones musulmanes.