L'auteur et chercheur dans le domaine du patrimoine, Mohamed Benamar Zerhouni a souligné, jeudi à Oran, la nécessité de "donner plus de visibilité" au Melhoun dans sa double dimension arabe et amazighe "en mobilisant tous les supports pour sa large diffusion au sein de la société". "Il est indispensable de réconcilier le peuple algérien avec cette importante composante du patrimoine national", a indiqué l'ex-ministre de la communication, au cours d'une table-ronde sur le patrimoine immatériel, qu'il a animée au Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC). Pour le conférencier, "recueillir, vérifier, éditer et diffuser à large échelle la production du Melhoun est une affaire nationale, car il s'agit de réhabiliter ce riche patrimoine pour le mettre à la disposition pas seulement du chercheur ou du passionné mais aussi de toutes les franges de la société". M. Mohamed Benamar Zerhouni s'est félicité de l'attention particulière accordée, ces dernières années, par les pouvoirs publics à la défense et à la promotion du Melhoun dans toutes ses expressions ainsi qu'à sa diffusion. Il a estimé, toutefois, qu'un "travail passionnant et de longue haleine" reste à faire car, "il s'agit de faire face à des difficultés qui entravent le travail des chercheurs". Dans ce sens, il s'est élevé contre "ceux qui détiennent une partie de ce patrimoine et qui refusent de le mettre à la disposition des chercheurs et des spécialistes désireux faire connaître et diffuser ces textes". M. Mohamed Benamar Zerhouni a également souligné "la responsabilité de tous" dans l'exaltante tâche de défense de ce patrimoine en affirmant que "les pouvoirs publics, les secteurs concernés, les chercheurs déploient de louables efforts dans ce sens"."Les collectivités locales peuvent entreprendre des actions de collecte du patrimoine de leur région. Le Melhoun doit faire son entrée dans les programmes de l'éducation nationale afin qu'il soit étudié et enseigné comme partie intégrante de la littérature et de la poésie algérienne", a-t-il ajouté. D'autre part, l'orateur a souligné la nécessité d'une "transcription correcte du Melhoun en prenant en considération les règles orthographiques de la langue arabe académique" et ce, "dans le souci de transmettre aux générations futures des oeuvres d'une valeur irréprochable et loin de toute dénaturation de leur forme". Le débat ayant suivi cette intervention a pris la forme d'une joute poétique qui a permis à l'assistance composée d'universitaires et de chercheurs du CRASC d'apprécier quelques pièces de ce patrimoine immatériel national. Des intervenants ont souligné la nécessité d'entreprendre des démarches pour inscrire le Melhoun comme patrimoine mondial, tout comme l'Ahelil, classé en tant que tel par l'Unesco ou encore l'exerce d'un droit de préemption par les pouvoirs publics pour défendre et récupérer ce patrimoine. Mohamed Benamar Zerhouni, invité par l'équipe de recherche du CRASC "Groupe d'étude et de recherche sur le Melhoun", est l'auteur de nombreux ouvrages consacrés aux figures marquantes du Melhoun comme Cheikh Tlemçani Boumedienne Bensahla, Cheikh Abdelkader El Khaldi et Si Idriss Benrahal.