Les escapades dans l'espace, jusqu'ici l'apanage d'une poignée de milliardaires, deviendront bientôt plus accessibles au commun des mortels : dès 2010, les premiers touristes « ordinaires » devraient pouvoir aller plus près des étoiles. Parmi eux figurera l'hôtesse de l'air française Mathilde Epron, l'heureuse gagnante d'un billet pour l'espace dans le cadre d'un concours organisé par le groupe alimentaire suisse Nestlé. Elle pourra embarquer à bord d'un avion spatial de la compagnie Rocketplane à 100 km au-dessus de la Terre. La société américaine n'est pas la seule à miser sur un marché lucratif qui pourrait « attirer plusieurs dizaines de milliers de touristes par an à l'horizon 2020-2025 », selon les estimations de Hugues Laporte-Weywada, directeur du programme de tourisme spatial chez EADS Astrium. Une trentaine de compagnies sont engagées dans la course au développement de voyages suborbitaux qui doivent permettre aux touristes en quête de frissons de vivre pendant quelques minutes l'aventure de l'apesanteur. Un des programmes les plus avancés est celui du magnat britannique Richard Branson : le projet SpaceShipTwo, de sa compagnie Virgin Galactic, a été présenté en janvier à New York et les premiers vols commerciaux sont prévus pour la fin 2010. Deux cent cinquante candidats à l'espace, dont deux anciens pilotes français, sont sur les rangs pour un vol qui coûtera 200 000 dollars (environ 125 000 euros). La navette SpaceShipTwo sera propulsée par un vaisseau « porteur » à 110 km au-dessus de la Terre, pour faire vivre à ses passagers cinq minutes en apesanteur. En France, l'« agent spatial » de Virgin, Voyageurs du Monde, a enregistré pour l'instant « zéro client, mais beaucoup de demandes », car « les gens attendent d'avoir des précisions techniques avant de réserver », explique son PDG, Jean-François Rial. M. Rial, lui-même partant pour l'espace, est persuadé que « le tourisme spatial se démocratise, car le prix d'un vol baissera à terme à 30 000 euros ». Concurrent de Virgin, Astrium, filiale du groupe EADS, ne compte finalement lancer ses vols suborbitaux qu'à partir de 2015, au lieu de 2012-2013, faute d'avoir bouclé le financement de son projet. « Nous sommes en phase de discussions avec des partenaires industriels pour un financement d'environ un milliard d'euros », explique M. Laporte-Weywada, avant d'estimer que le tour de table sera réuni « début 2009 ».