Lors de la présentation du bilan de son secteur au cours de la séance de travail présidée par le wali de Mostaganem, le directeur de l'hydraulique a fait part de l'intention de son secteur de faire appel à l'eau du Kramis pour pallier le déficit dans l'alimentation en eau de Mostaganem. Déficit qui tend à se creuser à cause de la panne sèche qui menace le barrage du Gargar et la grande retenue de Sidi Abed, deux structures qui se trouvent dans la wilaya de Mostaganem et qui ne sont plus en mesure d'approvisionner les wilayas de Mostaganem et d'Oran, leurs réserves en eau étant descendues en dessous du seuil critique. En effet, à cause de plusieurs années consécutives de sécheresse relative dans la région, le seuil d'alerte vient d'être atteint au niveau de toute la région. Cette crise est d'autant plus inattendue que le système MAO, pour différentes raisons, n'est toujours pas opérationnel. Initialement prévu pour alimenter la région du Dahra, le barrage du Kramis va donc se transformer en principal pourvoyeur d'eau pour une grande partie de la wilaya de Mostaganem qui compte plus de 750 000 habitants. Déjà, depuis deux ans, les agglomérations situées à l'est de l'oued Cheliff ne sont plus alimentées à partir de Mostaganem mais avaient été toutes reliées au barrage du Kramis. Selon Abdelkader Meksi, le directeur de l'hydraulique, ce sont pas moins de 11 agglomérations, dont Khadra, Aâchaâcha, Sidi Ali et Sidi Lakhdar, qui ont été déconnectées du réseau desservant Mostaganem à partir du plateau et du Gargar. 25 000 m3 seront quotidiennement prélevés Par un curieux retour de situation, la région, qui passait pour être totalement dépourvue en ressources hydriques, s'avère être un véritable réservoir que personne n'avait jusque-là imaginé. Jusqu'à la construction de ce petite barrage d'à peine 45 millions de m3, actuellement plein, l'AEP du Dahra avait toujours été un casse-tête pour les responsables et un calvaire pour la population. Selon les déclarations du directeur de l'hydraulique, ce sont pas moins de 25 000 m3 qui seront quotidiennement prélevés à partir du Kramis pour alimenter Mostaganem. Ainsi, la population pourra enfin accéder à une eau d'excellente qualité organoleptique. Prenant ses sources dans les monts du Dahra occidental, l'oued Kramis et ses affluents ont la particularité de ne pas servir de déversoirs pour une quelconque agglomération. La zone étant quasiment inhabitée, l'ensemble du bassin versant se trouve à l'abri de toute pollution d'origine industrielle ou urbaine. Il n'est point exclu qu'une fois abreuvé à son eau si limpide, les consommateurs de Mostaganem rechigneront à se remettre à l'eau du Gargar ou celle du Chéliff. Surtout que, depuis la fin du ramadhan, celle qui coule dans les robinets aura pris une couleur qui la déprécie fortement. Sans doute que les dernières précipitations ne sont pas étrangères à son trouble. Ce qui devrait inciter les responsables à réfléchir à une nouvelle carte de distribution de l'AEP, en attendant l'entrée en fonction de la station de dessalement de 200 000 m3/j dont l'entrée en service est prévue au plus tard d'ici 24 mois.