Les syndicalistes du secteur de la santé de la wilaya de Béjaïa ne trouvent pas de vertus à la réforme mise en application depuis le mois de janvier dernier. Bien plus, réunis mercredi dernier au siège de l'UGTA, les représentants des travailleurs font un constat d'échec de tout ce qui a été entrepris en se référant à leurs propres expériences professionnelles durant les dix derniers moi. Ainsi, l'on a dénoncé « l'anarchie totale » régnant dans les EPH (Etablissements publics hospitaliers) et les EPSP (Etablissements publics de santé de proximité). Autant de nouvelles enseignes créées à la faveur de la nouvelle carte sanitaire, mais qui ne sont pas accompagnées sur le terrain de la mise en œuvre des programmes d'équipements et des affectations des personnels requis. L'effet en est, a-t-on relevé, que les travailleurs et les personnels soignants se retrouvent trop souvent débordés, exercent sous la pression permanente du nombre et le malade est simplement livré à lui-même. Selon M. Ziani, coordinateur du syndicat des travailleurs (UGTA) dans la wilaya, la mise en œuvre de la réforme, au-delà de l'insuffisance des moyens engagés, s'est effectuée de manière précipitée car n'ayant pas été préparée par la formation nécessaire des managers devant s'occuper des nouvelles structures créées. « Ce sont les anciens directeurs, les assistants et les économes qui se sont retrouvés, du jour au lendemain, chargés de la gestion des nouvelles structures avec ce que cela exige comme procédures inédites et nouveaux réflexes », note-t-il. S'agissant de la situation particulière de la santé dans la wilaya de Béjaïa, les participants à la réunion ont eu à s'accorder sur le fait que l'« inertie » continue à entraver toute possible amélioration. « On n'arrive pas à comprendre que Amar Tou, lors da sa visite en tant que ministre de la Santé, déclare que la gestion du secteur dans la wilaya était des plus approximatives au niveau national et que cette déclaration, deux années après, ne soit pas suivie des mesures qu'elle appelle logiquement ; soit des changements à la tête de l'administration », s'indigne un syndicaliste. Pour illustrer le propos, on cite le cas du scanner de l'hôpital Khellil Amrane de Béjaïa en panne depuis deux ans et l'abandon qui frappe le SAMU. L'administration du secteur dans la wilaya, selon les représentants des travailleurs, n'arrive par ailleurs pas à assainir son portefeuille logements, ce qui, a-t-on encore souligné, dissuade nombreux spécialistes d'y exercer. « Il y a des logements appartenant au département de la santé et qui demeurent étrangement occupés par les personnels d'autres secteurs. Il n'est pas rare également que des chefs de service au niveau de notre secteur occupent chacun deux ou trois logements », dénonce M. Ziani. Le syndicaliste fait remarquer par ailleurs que ce qui aggrave ce climat, marqué aussi par « une gestion par le clan » ce sont les pressions exercées sur les travailleurs et la mise sous le coude des accords collectifs passés, pour certains, avec l'ancienne équipe dirigeante de la direction de la santé. « Des rappels pour le personnel, promis depuis 2004, ne sont pas perçus jusqu'à aujourd'hui », déplore notre interlocuteur. L'idée qui s'est dégagée des débats de mercredi dernier est que l'administration se « complait » dans la situation actuelle ou alors qu'elle n'a pas les capacités manageriales pour impulser la dynamique voulue. Aussi, la possibilité de recourir à des actions de protestation, dont une marche vers le siège de la wilaya, a été retenue lors de la rencontre. En attendant, les mécontents ont convenu de favoriser d'abord la carte du dialogue, en demandant audience au wali pour lui exposer la situation.