Maître Boudjemaâ Ghechir, président de la LADH « La justice a de tout temps été un danger pour le citoyen. Ce n'est pas nouveau ! le problème de la justice algérienne se situe dans le fait qu'elle n'a pas évolué suivant la société. On parle de réformes, mais la réforme de la justice si elle ne suit pas les réformes démocratiques reste lettre morte car la justice règle les problèmes dans une société donnée. Il ne s'agit pas de changer la boiserie et les meubles, mais d'améliorer la qualité du jugement et cette qualité n'existe pas. Aujourd'hui, les juges agissent pratiquement sur instruction du ministère de la Justice et non conformément aux codes. On voit cela, par exemple, dans le cas des journalistes qui travaillent sur la corruption. A Biskra, le juge a jugé selon sa foi et sa conviction religieuse. ce qui n'est pas normal. Ensuite, l'affaire a été jugée en appel en 8 jours, avant les délais réglementaires. Ce qui ne peut être que le fait de l'intervention d'une partie extérieure. A quel niveau ? Je ne sais pas. » Maître Mustapha Bouchachi, président de la LADDH « Bien sûr qu'il y a danger. Les salles d'audience et la justice en général ne donnent pas un sentiment de sécurité et de justice au citoyen. A travers la presse et ce qui se passe, pas seulement dans l'affaire de Biskra mais dans beaucoup d'affaires, il y a effectivement une peur terrible du citoyen d'écoper d'un jugement injuste. » « S'il y a réforme de la justice ? Non. On ressent que la justice est de moins en moins indépendante. Je pense aussi que la liberté de culte, l'une des libertés fondamentales selon la Constitution, est menacée. L'affaire de Biskra en est une atteinte très grave. Les poursuites judiciaires et la condamnation n'ont aucun fondement juridique. S'il y a une loi à appliquer on l'applique, mais il ne faut pas que des magistrats jugent selon leurs propres convictions religieuses, sinon tous les gens qui ne payent pas la zakat ou qui ne font pas la prière doivent être punis. C'est quelque chose de grave aussi parce que ça fait beaucoup de tort au pays et à la religion. On donne ainsi l'exemple que nous ne sommes pas tolérants. Le problème chez les magistrats est culturel, et je pense aussi qu'ils ont le sentiment qu'ils ne sont pas indépendants et suivent le courant de la société. »