Le tribunal de Hussein Dey a prononcé une peine de 2 ans de prison ferme contre 15 policiers et la relaxe pour un commissaire dans le cadre de la réalisation d'infrastructures de la Sûreté nationale. La même peine a été retenue contre 3 entrepreneurs privés. Le principal mis en cause, le sous-directeur des infrastructures, a dénoncé dans une lettre « la gestion désastreuse » de la DGSN. Un commissaire a été relaxé et 15 de ses collègues, entre officiers et simples agents, viennent d'être condamnés à deux ans de prison ferme par le tribunal de Hussein Dey près la cour d'Alger. Ce tribunal a également prononcé la même peine contre 3 entrepreneurs privés, cités dans cette affaire de passation de marchés par le service des infrastructures de la Sûreté nationale. Le verdict est tombé une semaine après le procès, à l'issue duquel le ministère public a requis des peines allant de 1 à 5 ans de prison ferme assorties d'amendes comprises entre 20 et 200 000 DA. Il s'agit d'une affaire des plus intriguantes, qui cache, pour de nombreux avocats des prévenus, un « véritable règlement de comptes » du fait que dans le dossier aucune preuve palpable n'a été présentée à la justice. D'ailleurs, le tribunal a fait tomber le grief de corruption et de dilapidation de deniers publics, ne retenant que celui lié aux passations de marchés en dehors de la réglementation. Lors des plaidoiries, la défense des 19 prévenus a démonté le dossier sur lequel reposent les poursuites, estimant que tous les projets de réalisation engagés par le service des infrastructures ont eu l'aval de la direction générale de la Sûreté nationale et que l'expertise réalisée a démontré qu'il n'y a eu aucun préjudice pour l'administration. En fait, toute l'affaire a bizarrement éclaté à la suite d'une lettre de dénonciation adressée par un agent civil, occupant le poste de sous-directeur du service des infrastructures, aux plus hautes autorités sur la gestion « controversée » de la Sûreté nationale, depuis 1997, et avec des détails assez hallucinants sur l'implication de certains cadres de l'institution dans ce que l'auteur a qualifié de « désastre ». Quelque temps plus tard, le contestataire a été convoqué par sa hiérarchie pour être entendu à propos de la lettre. En fait, selon lui, les enquêteurs voulaient lui extirper des aveux, impliquant l'ancien inspecteur général de la sûreté, suspendu à l'époque. Pour avoir refusé et assumé son écrit, l'ex-sous-directeur a été poursuivi pour diffamation et condamné à une année de prison ferme en juin 2008. Il a fait appel et son affaire est programmée pour le 24 novembre prochain à la cour d'Alger. Parallèlement à cette plainte, la DGSN a ouvert une enquête sur la gestion du service des infrastructures, et 16 policiers entre commissaires, officiers et simples policiers ont été présentés au tribunal de Hussein Dey, pour « corruption, dilapidation de deniers publics et passation de marchés en violation de la réglementation ». Des griefs que les mis en cause ont niés en bloc, criant « au complot ». L'agent civil s'est ainsi retrouvé comme étant le principal prévenu dans cette affaire ; il a été condamné à 2 ans de prison ferme pour « passation de marchés en violation de la loi ». Des marchés, qui selon l'expertise, ont tous eu l'aval de l'administration centrale. Des oppositions sont déjà prévues par l'ensemble des prévenus, qui estiment avoir été « lésés » dans cette affaire. Une affaire, faut-il le préciser, ce qui illustre parfaitement cette image de l'arbre qui cache la forêt. Plus précisément, et à la lumière des débats de l'audience du 5 novembre dernier, au tribunal de Hussein Dey, le dossier du service des infrastructures cachait celui du contenu de la lettre de dénonciation écrite par l'agent civil à la Présidence, au chef du gouvernement, et au ministre de l'Intérieur.