Les habitants de Djemaa Sekhra, petit village situé à sept kilomètres du chef-lieu de la commune, ne savent plus à quel saint se vouer pour manifester leur désarroi et leur mécontentement face à l'indifférence des responsables quant à leurs inquiétudes quotidiennes qui s'articulent autour de l'alimentation en eau potable, en gaz de ville et autres moyens de communication. A commencer par la RN 99 qui traverse le village et qui est dans un piteux état. Durant la saison des pluies, cette route ravinée est quasiment impraticable par endroit à cause des coulées de boue. Les enfants, pour se rendre à l'école, se sont frayé un petit chemin sinueux à travers le talus. Les plus malins, pour préserver leurs souliers propres, enveloppent leurs pieds dans des sachets en plastique. « Cette route est négligée depuis de nombreuses années. Elle n'a guère changé depuis l'époque où elle reliait Ghazaouet à Tlemcen en passant par Nédroma et aucun travail de réfection n'a été entrepris sur cette route parsemée de nids-de-poule », fait remarquer un citoyen. La population de Djemaa Sekhra, cette localité qui a payé un lourd tribut durant la guerre de libération, souffre aujourd'hui le martyre. « Nous attendons depuis des lustres une action des pouvoirs publics. Notre souffrance s'accroît jour après jour et s'empire en cette période hivernale », s'indigne notre interlocuteur. Manque d'équipements Le village n'est toujours pas raccordé au réseau du gaz de ville. L'alimentation en eau potable est quasiment inexistante. Les habitants continuent à s'approvisionner à partir des sources qui existent dans le village ou par des citernes tractées dont les prix ne cessent d'augmenter. L'éclairage public est défaillant à cause des chutes de tension fréquentes qui surviennent dès la tombée de la nuit. « La télévision, seul moyen de divertissement dont nous disposons, est hors d'usage à cause de ce désagrément », renchérit notre interlocuteur. A l'ère de la téléphonie mobile, les habitants attendent toujours le téléphone fixe. « Pour profiter pleinement des avantages de l'Internet, nous devons nous rendre en ville. Une heure au cybercafé nous coûte très cher c'est pourquoi nous préférons passer un moment au café du village à jouer au domino », lâche un lycéen. Effectivement, le bourg manque effroyablement d'équipements publics : pas de cybercafé, pas de salle de sport ni maison de jeune. Aussi l'agglomération manque cruellement d'infrastructures destinées aux enfants. La rue demeure leur seul espace accessible pour s'amuser. En somme, à Djamaa Sekhra, cette bourgade préhistorique où l'homme primitif a habité dans l'une de ses cavernes, le temps semble s'être arrêté.