Le problème de la distribution des engrais dans lequel se débat, depuis des mois, la communauté des agriculteurs est encore une fois revenu au-devant de l'actualité avec la visite hier à Annaba de Mohamed Alioui, secrétaire général de l'Union nationale des paysans algériens (UNPA). La campagne agricole sera, selon lui, sérieusement compromise si des mesures d'allégement des procédures administratives et sécuritaires imposées par l'Etat sur le marché des engrais ne sont pas prises. Pour cause, ces contraintes commencent à peser lourdement sur les travailleurs de la terre des différentes régions du pays qui éprouvent moult difficultés à s'en approvisionner. Censées être destinées à aider l'Etat à appliquer son pouvoir de régulation, ces mesures d'ordre administratif et sécuritaire instituant actuellement le marché national ont, au contraire, abouti à la raréfaction des engrais sur le marché. Celui-ci est aujourd'hui sous l'emprise d'une poignée de spéculateurs privés. C'est ce qu'a clairement fait savoir M. Alioui en marge de l'élection des nouveaux bureau et conseil de wilaya de son union à Annaba lorsqu'il a indiqué : « Maintenant, on comprend bien pourquoi les engrais et les semences qui font cruellement défaut au niveau des coopératives agricoles sont paradoxalement largement disponibles auprès des distributeurs privés et des spéculateurs. » L'union a, selon lui, recensé des milliers d'agriculteurs qui n'ont, à ce jour, pas pu s'approvisionner, en dépit de la fin de la campagne labours/semailles. Une situation dont les retombées en termes de rendement toucheront plus de 50% des exploitations agricoles dans l'actuelle campagne. Par ailleurs, le représentant des travailleurs de la terre n'a pas manqué de fustiger les banques et institutions financières affiliées au monde agricole. Pour lui, celles-ci demeurent toujours étanches aux financements des projets dans le cadre des crédits « Rafik » mis à la disposition des paysans par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural. Pour sauver ce dispositif d'un échec certain, M. Alioui a appelé le ministre Rachid Benaïssa à intervenir pour pousser les institutions financières concernées à être plus coopératives et moins réticentes. Pour preuve, a-t-il argumenté, depuis l'entrée en vigueur du dispositif, seulement 2% des dossiers soumis ont pu être acceptés. Il a également réitéré à partir de Annaba, son appel à la création d'un Haut conseil national de l'agriculture. Cette instance doit être parrainée par le Premier ministre lui-même et animée par des personnalités politiques, ainsi que des hommes forts du monde des affaires, préconise le secrétaire général de l'UNPA. Car ces personnalités seront à même d'user de leur pouvoir de décision, lorsqu'il s'agira d'intervenir en temps opportun dans les sensibles et grands dossiers dont le foncier agricole et les projets structurants ayant trait à la propulsion de l'agriculture nationale aux standards internationaux.