La vingtaine de femmes résidantes du centre Darna, dans la commune de Mohammadia, ont été sommées de quitter les lieux avant la fin du mois en cours. Ces femmes en détresse, et sans ressources de surcroît, seront désormais contraintes de faire face également aux dangers de la rue, d'autant plus que l'hiver s'annonce des plus rigoureux. Cette structure, qui a été créée en 2001, au niveau de l'ancien siège de l'APC de Mohammadia, et gérée depuis par l'association Rachda qui avait pour mission d'accueillir les femmes victimes du terrorisme, s'est, au fil des années, transformée en un centre d'accueil pour femmes en détresse battues, avec ou sans enfants. Le centre Darna avait ainsi pour mission d'offrir aux victimes de la violence une maison d'accueil et d'hébergement et également un soutien médical et psychologique, afin d'épargner aux femmes en détresse morale et physique les affres de la rue. Ces missions, ô combien nobles, sont en train de se transformer au gré des tempéraments, car tantôt on déploie à l'encontre de ces femmes la fibre de l'humanisme pour servir en fait d'enjeu, tantôt on brandit contre elles des menaces. N'est-ce pas là un paradoxe ? Ces femmes qui traînent derrière elles un passé lourd de souvenirs douloureux, des années de violences et d'humiliations ont trouvé dans le centre un havre de paix et un répit à leurs souffrances. Elles devront à l'avenir retourner à la case départ. Pis encore, elles devront affronter une autre forme de violence, celle de la rue. Il est impératif de trouver une solution de rechange pour ces femmes qui ont à leur charge des familles, et, pour certaines d'entre elles, des écoliers, des lycéens et même des étudiants à l'université. Les autorités compétentes devraient prendre en considération cette donne et trouver une solution pour ces familles. « Nous avons, des années durant, subi la violence de nos maris, pour qu'ensuite nous subissions une situation pire, celle de la clochardisation voulue », dira une résidante du centre qui affirme aussi ne pas savoir où aller, si par malheur les responsables venaient à mettre à exécution la décision de fermer le centre. Toutefois, quelques-unes de ces femmes sont loin de gagner la sympathie des riverains, par le fait des incessants va-et-vient, notamment nocturnes. Mais cela ne doit aucunement servir de prétexte pour pénaliser toutes les femmes qui résident au niveau du centre et qui, par leur comportement probe, devraient au contraire être rassurées quant à leur devenir et celui de leur progéniture. Le projet de ce centre, qui se voulait initialement un modèle pilote pour d'autres structures devant soustraire les femmes maltraitées à la prise de la misère, semble dévier progressivement de sa vocation première pour devenir au contraire un problème.