Les habitants des villages de la commune de Béni Amrane sont pénalisés par le manque criant de transport, surtout pendant les heures de pointe, notamment le matin. Les plus touchés sont incontestablement les écoliers et les travailleurs. La crise a comme cause principale le manque flagrant des moyens de transport. A Boukaraï , par exemple, les villageois sont contraints de marcher 1 km à pied pour rejoindre Oued Djnane, le carrefour de différentes lignes de transport. Mais là encore il n'est pas aisé de trouver une place, car les fourgons arrivent souvent complets. Et c'est le même constat amer dans les autres agglomérations. Vu la manière dont sont gérés ces problèmes, les difficultés que rencontrent ces citoyens ne sont pas près de disparaître. Les demandes de ligne de transport sont refusées pour « saturation ». Mais cette réponse ne satisfait guère la population. Car entre la réalité et les données administratives, il y a un énorme fossé. Les possesseurs de ce fameux droit de transport, une fois acquis, boudent les dessertes qui les lient obligatoirement à leurs villages et affluent rapidement vers d'autres lignes plus rentables. Ces transporteurs justifient leur attitude par l'impraticabilité des routes. Et là, ils n'ont pas tort. Car toutes les routes secondaires sont dans un état déplorable. L'exemple flagrant est celui de la route dite « du barrage ». Un raccourci très utilisé d'une longueur d'un kilomètre environ et qui donne accès sur le CW68 sans passer par la RN5. Il dessert ainsi pratiquement tous les villages du côté-est de Béni Amrane, ainsi que d'autres des trois communes de Souk El Had , Chaâbet El Amer et les Issers. Les flaques d'eau, les nids-de-poule, une chaussée défoncée et autres crevasses constituent malheureusement le décor lamentable de la route du barrage et celles de Boukaraï, Oued Djnane, Aït Belaïd, Touzaline et autres. « Pour rouler dans ces conditions il faut un véhicule tout-terrain », dit un citoyen. « Même les responsables nous ont délaissés », crie un autre habitant qui insiste : « Nous ne demandons pas un revêtement immédiat par un tapis de bitume, car cela nécessite peut-être une enveloppe budgétaire spéciale, mais uniquement la pose de gravier pour rendre la route carrossable dans les endroits les plus touchés. Cela nous réconfortera de savoir que nous ne sommes pas ignorés par les responsables. » Un autre habitant nous a avoué : « Ce qui est plus écœurant, c'est de voir toutes les manœuvres de maquillage faites en une seule journée pour la venue des responsables afin d'assister aux commémorations des événements du 11 Décembre 1960 qui ont eu lieu au nouveau lycée. La route a subi un lifting esthétique en quelques heures pour la circonstance. C'est un manque de considération envers les vivants et un mépris pour le sacrifice de nos valeureux martyrs. » A Aït Belaïd, ce sont les camionneurs qui jettent une quantité de tuf de leur chargement sur les lieux les plus atteints des routes, afin de pouvoir rouler et permettre aux autres automobilistes de circuler. Le côté-ouest de Béni Amrane n'est pas épargné par cette crise de transport. A Idhabaghen, par exemple, il faut faire une bonne distance à pied pour arriver dans certaines localités. Ici ce n'est pas le transport qui manque mais ce sont les routes qui n'existent pas. La seule route desservant ce côté est celle réalisée pendant la période coloniale. Et elle ne touche pas le cœur des agglomérations. Un citoyen nous a dit à propos de cet « abandon » : « Nous n'en pouvons plus. Chaque hiver nous nettoyons les fossés des pistes nous-mêmes, nous remplissons les crevasses de terre, afin de rendre la route quelque peu praticable. » Ces conditions ont poussé plusieurs automobilistes à travailler « au noir ». Ces transporteurs « clandestins » ont, faut-il le reconnaître, absorbé une bonne partie de la demande croissante sur les moyens de transport. Ces « clandestins » n'en font pas moins face à de terribles difficultés. La menace de leur confisquer temporairement leurs véhicules, pèse en permanence sur eux. Pourtant ils règlent un problème monstre. Ils jouent de ce fait au chat et à la souris avec les agents de l'ordre qui risquent de les interpeller à tout instant. Dans tous les cas, le citoyen reste le seul à payer d'un lourd tribut les mauvaises décisions des pouvoirs publics.