Les récentes révélations sur un vaste réseau de corruption mis en place par Kamel Chikhi, connu sous le nom de Kamel El Bouchi, principal accusé dans l'affaire de la «cocaïne connexion» est une «affaire d'Etat», juge le mouvement Al Mouwatana dans un communiqué signé par sa porte-parole, Zoubida Assoul. «Les accointances de membres de différentes institutions et en particulier du corps de la justice dans les opérations de blanchiment d'argent, de corruption dans le foncier, de passe-droits dans les grands projets d'immobilier et surtout de trafic de drogue montrent l'ampleur de la corruption qui sévit dans le pays !» condamne le mouvement. «Les quantités effarantes de cocaïne saisies, les sommes colossales thésaurisées et les liens tissés entre la criminalité internationale et des réseaux intérieurs sous couverture de hauts fonctionnaires véreux démontrent à l'opinion publique l'ampleur du système de corruption mis en oeuvre en lieu et place d'un Etat de droit. Les complicités sont telles que les hautes sphères du pouvoir se trouvent directement ou indirectement impliquées dans ces scandales gravissimes.» Pour Al Mouwatana, le président de la République porte une large responsabilité dans la situation de déliquescence que connaît le pays. «La responsabilité politique du président Abdelaziz Bouteflika et de son régime est objectivement et totalement engagée.» Le mouvement Al Mouwatana craint de graves répercussions après les révélations sur le système mis en place et les nombreuses complicités qui apparaissent au grand jour. «La guerre des clans étant déclarée, le couvercle sera levé au moins sur une partie de la vérité. Le risque maintenant est que les règlements de compte débordent en faisant payer les seconds couteaux et les innocents. Ce n'est plus le régime seulement qui est menacé d'effondrement mais l'Etat en entier. L'affaire de la cocaïne, qui a pris l'allure d'une crise d'Etat, a exacerbé les luttes internes au régime et a dévoilé aux Algériens l'étendue du délabrement des institutions sous le règne de M. Bouteflika.» Al Mouwatana appelle les Algériens, en particulier la classe politique et la société civile, à se «départir d'une position de résignation et à prendre leur responsabilité politique en exigeant la vérité sur les dérives du régime, en les condamnant et en s'engageant activement en faveur du véritable changement auquel aspire le pays». Le mouvement, qui demande au président Bouteflika de renoncer à un 5e mandat, réclame «l'organisation d'une vraie élection présidentielle et l'ouverture d'une période de transition pour refonder l'Etat sont la voie la plus sûre pour retrouver une vraie stabilité, réhabiliter le droit et engager le pays sur la voie de la dignité et du développement».