A neuf mois de l'élection présidentielle, la scène politique s'anime. Des partis et acteurs politiques, conscients des enjeux de ces joutes, multiplient les initiatives pour un changement du système et pour une sortie de la crise qui secoue le pays. Une crise politique dont le pouvoir et ses alliés ne reconnaissent pas l'existence. A qui donc s'adressent les animateurs de ces initiatives ? Pourquoi la plupart d'entre elles ne trouvent pas écho au sein de la société ? Pour des politologues, ces initiatives sont en soi louables, car il s'agit de l'expression d'une vision et d'une maturité qui rendent crédibles leurs auteurs. Mais force est de constater, selon eux, que celles qui existent actuellement ressemblent beaucoup plus à un jeu d'enfant. Les initiateurs de ses actions – pas tous bien sûr – sortent d'une hibernation pour paraître sur l'espace public, et ce, dans l'unique but de ne pas être condamnés à l'exclusion durant cette période charnière, où chacun essaye de se repositionner sur l'échiquier politique. Les propositions des uns et des autres ont certes un dénominateur commun : le consensus national, mais un consensus avec qui ? Pourquoi ? Et comment peut-on expliquer l'absence de consensus entre les porteurs de ces propositions ? Pour le politologue Mohamed Taibi, tant que la société, qui est pourtant politisée, n'est pas mobilisée, toutes les initiatives quelles que soient leurs origines seront vouées à l'échec. Concernant le FFS, le PT, le MSP, le mouvement Mouwatana regroupant plusieurs personnalités et entités politiques, chacun y va de sa propre initiative. Le PT fait campagne pour la mise sur pied d'une assemblée constituante, ultime alternative pour éviter au pays le chaos et pour l'extirper de la crise qui le ronge. Ce projet, cher à Hanoune et aux militants de son parti, est pourtant très critiqué par la classe dirigeante qui le qualifie de vieux discours ayant montré ses limites. M. Taibi partage cet avis et va plus loin en le qualifiant de «résidus de l'histoire». S'agissant de la proposition du MSP qui plaide pour un consensus national en vue d'une transition démocratique et appelle l'armée à contribuer à sa réussite, d'aucuns estiment que le parti dirigé par Abderrazak Makri veut s'assurer une place dans le train qui va démarrer à partir de 2019. «La politique, ce sont des processus, les personnes lancent des paradigmes dont elles ne maîtrisent ni le sens ni la portée sur l'opinion. On lance un projet de transition, lorsque le pays est complètement à l'arrêt, or, chez nous, nous ne sommes pas dans cette logique. La transition signifie : on efface tout et on recommence», expliquent des politologues qui pensent que les pays qui ont lancé un projet de transition sont ceux qui ont été dans l'impasse ou dans la décadence constitutionnelle. «En Algérie, pour arriver à opérer un changement et construire un rapport de forces, il faut avoir des partis réellement représentatifs qui produisent des idées politiques et il faut aussi un leader charismatique», tranche Taibi qui trouve intéressante l'idée du FFS lancée il y a 5 ans et relative à la reconstruction du consensus national, mais elle est vaste et repose sur des généralités. Le FFS n'a malheureusement pas pu fédérer un grand nombre d'acteurs autour de ce projet de consensus, en raison du refus des poids lourds de la scène nationale d'y participer. Aujourd'hui, ne désespérant pas de le voir aboutir, le plus vieux parti de l'opposition revient à la charge et relance son action parmi une foule d'initiatives.