L'héroïne de la guerre de Libération nationale, Djamila Bouhired, la moudjahida torturée et condamnée à mort durant la Bataille d'Alger, a décidé pour la première fois, depuis l'histoire de l'Algérie indépendante, de renouer avec le terrain de la lutte et du combat. Très peinée par ce qui se passe à Ghaza, Djamila Bouhired, connue pour sa résistance durant la guerre de Libération nationale, a décidé d'apporter son soutien haut et fort à la résistance palestinienne. Le massacre d'enfants innocents, l'acharnement contre des bébés sans défense et des femmes sans arme, ne laisse aucune personne indifférente. Mme Bouhired, la femme modèle, a décidé aux côtés d'autres personnalités politiques de créer un « comité populaire de soutien au peuple palestinien et l'appui à la résistance palestinienne ». Des hommes politiques, des artistes, des intellectuels, la société civile dans son ensemble sont invités aujourd'hui à adhérer à ce comité qui n'est, toutefois, pas ouvert aux personnes activant dans une formation politique. « Lorsqu'on m'a sollicitée pour le lancement de cette initiative, j'ai posé une seule condition, à savoir mon refus de m'associer avec les hommes ayant une casquette politique. Notre initiative est apolitique et se veut un support et un soutien à nos frères palestiniens », a précisé Mme Bouhired lors de sa visite hier à El Watan. Mme Bouhired aspire avec ses compagnons à créer un espace permettant à la société civile dans toutes sa composante de contribuer par tous les moyens à l'arrêt des massacres à Ghaza, priorité de tout individu amoureux de la paix. « La barbarie israélienne n'a pas de limite et à travers cette initiative, nous allons tenter de trouver des solutions pour une aide efficace. Un débat donc s'impose entre nous pour recueillir des propositions et surtout pour coordonner et unifier nos actions », a soutenu Hariti Smaïn, l'un des membres du comité. Toujours dynamique, pleine d'énergie et très optimiste, Mme Bouhired a fait renaître en un laps de temps les souvenirs enfouis dans sa mémoire, le souvenir sacré, du temps où ses compagnons et elle avaient bravé l'interdit pour se libérer du joug colonial. En faisant le parallèle justement entre le passé et le présent, la moudjahida est persuadée que les Palestiniens seront libres un jour. « La cause palestinienne ne date pas d'hier et n'a pas commencé avec les événements de ces trois semaines. Il y a une ressemblance entre la révolution algérienne et la résistance palestinienne. L'Algérie a pu, en dépit de tout ce qui se disait, vaincre une grande puissance, alors les Palestiniens peuvent eux aussi faire barrage à l'entité israélienne », a plaidé Mme Bouhired, qui rappelle qu'un peuple qui veut arracher sa liberté doit s'armer de volonté. Les animateurs de ce comité, indique en outre Khaled Bensmaïn, vont solliciter l'assistance de tous les acteurs de la société, notamment les médias, les organisations estudiantines, les syndicats des enseignants, l'UGTA... « Nous allons organiser des conférences sur ce sujet et aussi ouvrir un large débat sur la thématique ayant trait à ce qui différencie un juif d'un sioniste. Il faut créer des passerelles entre les différentes sensibilités pour pouvoir aboutir à un dialogue constructif », a souligné M. Bensmaïn, qui évoque aussi l'utilité d'aborder la question de la normalisation ou pas des relations avec l'Etat israélien. « Actuellement, des députés ont élaboré une proposition de loi portant sur la non-reconnaissance d'israël et le refus catégorique de normaliser les relations avec cet Etat, nous craignons que cette suggestion soit rejetée par le gouvernement », a déclaré M. Bensmaïn, qui estime que cette question mérite d'être discutée entre les fervents défenseurs de la cause palestinienne, à savoir la société civile.